© La boîte à bulles 2016 - Loth |
Lorsque la directrice de la maison de retraite lui
fait comprendre qu’elle ne pourra pas garder plus longtemps sa mère,
Nathalie se demande comment elle va se débrouiller ! Toutefois, ce qui
l’interpelle le plus c’est que celle-ci se prend pour Dolorès et ne
parle désormais qu’en espagnol, elle qui n’en a jamais prononcé un
traître mot…
Prétextant une confusion mentale où passé
refoulé et présent confus se confondent, Bruno Loth établit un parallèle
entre l’Espagne de 1939 et celle d’aujourd’hui. Même si les deux
époques sont différentes, elles se caractérisent par une forme de
résistance sociale, une volonté à rendre le monde meilleur qu’illustrent
les Républicains d’un côté et le mouvement Podemos de l’autre.
Dolorès
qui donne son nom à l’album, n’est qu’un prétexte, tout comme le voyage
de sa fille n’est qu’une manière de s’affranchir du remord d’avoir
méconnu sa mère. Revenant dans cette Espagne qui fut le théâtre de sa
première série, l’auteur d’Ermo s’oriente rapidement vers un décryptage
de l’évolution que connaît actuellement la patrie de Cervantès. Au-delà
d’une espérance dans une gouvernance plus juste qui a fait un temps
vibrer la Grèce, ce récit est l’occasion de revenir sur l’exode qui vit -
entre fin janvier et la mi-février 1939 - plus de 500.000 réfugiés
espagnols traverser les Pyrénées ou la Méditerranée pour arriver en
France. Trouvant, à travers la Retirada, un écho dans l’actualité du
moment, ce livre permet de mettre en perspective, tout en le
relativisant, l’afflux de 30.000 migrants que l’Hexagone s’apprête à
recevoir.
Si Dolorès interroge humainement, l’album
papillonne et demeure somme toute superficiel : à vouloir aborder
plusieurs thèmes pour le moins complexes, il ne peut - au regard de sa
pagination - le faire vraiment en profondeur. Reste toute de même cette
aspiration à faire connaître, à défaut de réellement l’expliquer, un pan
de notre identité nationale, car qui aujourd’hui n’a pas un parent ou
un ami descendant de ces réfugiés espagnols de 39 ?
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