© Steinkis 2016 - Pignocchi |
ANENT
Une rencontre, un livre peuvent vous ouvrir à des horizons
insoupçonnés. Tel fut le cas pour Alessandro Pignocchi qui, après avoir
découvert Lances du Crépuscule de Philippe Descola, n’aura de cesse de
savoir si, quarante ans plus tard, les Jivaros Achuar susurrent toujours
aux esprits qui les entourent leurs petits poèmes : les anent.
À
mi-chemin entre l’essai ethnologique et le carnet de voyage, Anent peut
s’appréhender comme la chronique du quotidien d’une tribu amazonienne
n'ignorant pas le XXIe, mais qui ne peut et ne veut se couper totalement
de cette jungle matricielle. À défaut de lui donner le superflu…
celle-ci lui offre l’essentiel.
Marchant dans les traces
de son illustre prédécesseur, Alessandro Pignocchi n’a pas la même
démarche. Cette différence s’illustre dans le dessin, un superbe lavis à
l’encre de Chine pour l’un, un trait « blogesque » pour l’autre. Mais,
au fil du temps, l’élève s’affranchit du maître pour vivre sa propre
expérience et la traduit par une ligne plus mature où le lavis puis la
couleur prennent place avec, parfois, quelques illustrations d’un
naturalisme saisissant.
Par effet de contraste, Anent
interroge sur notre culture occidentale, sur ses valeurs, ses déviances,
sur sa capacité à phagocyter toutes les autres, portée par un
consumérisme triomphant. Pragmatiques, les Achuar intègrent l’une sans
renoncer à l’autre, trouvant un équilibre de circonstance leur
permettant de continuer à vivre dans la jungle, tout en espérant parfois
être ailleurs : il est possible de boire de la bière de manioc tiède
tout en rêvant parfois d’une Budweiser bien fraîche !
Anent
ouvre sur une relation à la nature que nous autres, Occidentaux,
n’avons jamais connue ou alors dans des temps immémoriaux. Ce petit
rappel n’est pas de trop en ces temps de COP 21 !
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