lundi 1 février 2016

Au temps béni des colonies... (air connu)

BOITELLE : Le café des colonies

© Bamboo Édition 2016 - Quella-Guyot &Morice
Il est des occasions qui doivent être saisies, encore faut-il le pouvoir ! Antoine Boitelle se souvient de cette "négresse" rencontrée au café des Colonies. C’était au Havre, il y a bien des années, et il voulait l’épouser !

Inspirés par une nouvelle de Guy de Maupassant parue en 1889, Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice reviennent sur le destin de ce paysan, amoureux d’une Africaine, mais qui se trouva en bute aux préjugés de ses parents, à l’obscurantisme du curé et de bien d’autres, tant et si bien qu’il rentra dans le rang et devint, par dépit, ordureux. 

Ce qui, de prime abord, pourrait apparaître comme une attirance passagère pour l’exotique devient très rapidement une passion. Si la différence entre Antoine et ses parents peut surprendre, il ne peut cependant se soustraire aux contingences du temps qui font qu’un bon fils se doit d'être avant tout obéissant. Au-delà de l’ostracisme du pays de Caux de l’époque, il est également question de pression sociale, de bienséance morale et de tout ce florilège d’a priori qui fait que ce qui est étranger est forcément suspect. Mais même si Boitelle a cédé, il ne reproduira pas le modèle !

Alternant en off certains passages de l’œuvre originelle et des dialogues de son fait, Didier Quella-Guyot ancre résolument son histoire dans les pas de celle écrite par Maupassant et ne semble guère vouloir s’en écarter. Dans le même temps, Sébastien Morice sait - avec son trait semi-réaliste caractéristique - inscrire le récit dans cette fin de XIXe, privilégiant un découpage et une mise en couleur des plus classiques qui manquent de rythme et de volume.

Chronique d’une France paysanne, Boitelle et le café des colonies - précédemment édité en 2010 par Petit à Petit - retranscrit d’une manière quelque peu naïve un racisme ordinaire qui vaut pour tous ceux qui ne sont pas dans la norme.

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