© Bamboo Édition 2016 - Quella-Guyot &Morice |
Il est des occasions qui doivent être saisies, encore faut-il le
pouvoir ! Antoine Boitelle se souvient de cette "négresse" rencontrée au
café des Colonies. C’était au Havre, il y a bien des années, et il
voulait l’épouser !
Inspirés par une nouvelle de Guy de
Maupassant parue en 1889, Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice
reviennent sur le destin de ce paysan, amoureux d’une Africaine, mais
qui se trouva en bute aux préjugés de ses parents, à l’obscurantisme du
curé et de bien d’autres, tant et si bien qu’il rentra dans le rang et
devint, par dépit, ordureux.
Ce qui, de prime abord,
pourrait apparaître comme une attirance passagère pour l’exotique
devient très rapidement une passion. Si la différence entre Antoine et
ses parents peut surprendre, il ne peut cependant se soustraire aux
contingences du temps qui font qu’un bon fils se doit d'être avant tout
obéissant. Au-delà de l’ostracisme du pays de Caux de l’époque, il est
également question de pression sociale, de bienséance morale et de tout
ce florilège d’a priori qui fait que ce qui est étranger est forcément
suspect. Mais même si Boitelle a cédé, il ne reproduira pas le modèle !
Alternant
en off certains passages de l’œuvre originelle et des dialogues de son
fait, Didier Quella-Guyot ancre résolument son histoire dans les pas de
celle écrite par Maupassant et ne semble guère vouloir s’en écarter.
Dans le même temps, Sébastien Morice sait - avec son trait semi-réaliste
caractéristique - inscrire le récit dans cette fin de XIXe,
privilégiant un découpage et une mise en couleur des plus classiques qui
manquent de rythme et de volume.
Chronique d’une France
paysanne, Boitelle et le café des colonies - précédemment édité en 2010
par Petit à Petit - retranscrit d’une manière quelque peu naïve un
racisme ordinaire qui vaut pour tous ceux qui ne sont pas dans la norme.
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