© Glénat 2015 - Foerster |
Un fragment de lune s’est écrasé sur la centrale atomique de
Tchernobourg. Depuis, les radiations font leur œuvre et dans les rues en
ruine de l’illustre cité se promènent désormais des mutants dotés de
pouvoirs bien surprenants. Parmi eux, un prêtre pour le moins singulier.
Mieux
vaut avoir le moral scotché sur le beau fixe ou quelques petits cachets
d’antidépresseurs à portée de la main avant que de se plonger dans Le
confesseur sauvage. Homme poulpe prédisposé à recueillir les confessions
spontanées de ses concitoyens, le père Irradieu, curé autoproclamé
d’une église désertée déclenche, dès qu'il les touche, les confessions
de ses ouailles. Ce qui pourrait apparaître alors comme une bénédiction
s’avère en fait un fardeau au regard des révélations dont il est le
dépositaire plus ou moins involontaire.
Avec cet album,
Philippe Foerster s’adonne avec plaisir à son penchant naturel pour les
histoires bien noires. En quelques saynètes à l’onirisme débridé et
décomplexé, il fouille sans avoir l’air d’y toucher dans les
circonvolutions de l’âme humaine. De l’être ou du paraître, aux
aspirations défuntes en passant par les illusions ayant valeur de
réalité… l’auteur belge aborde, via ses personnages difformes, nombre de
travers de notre propre société. Offrant une lecture à tiroirs, il
permet de voir tout et son contraire dans ces planches à la colorisation
changeante selon les chapitres.
L’absurdité relative du propos comme l’approche
graphique, en noir et blanc, à la frontière du caricatural ou du
surréalisme, sont des procédés efficaces pour (r)amener le lecteur à
certaines réalités… Surprenant, autant que déstabilisant, le dernier
opus de Philippe Foerster dérangera ceux qui souhaiteront s’endormir
paisiblement.
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