Le Caravage : 1. la palette et l'épée
© Glénat 2015 - Manara |
Après le superbe Au fil de l'art de Gradimir Smudja qui remontait le cours de l’histoire picturale de l’Humanité, La vision de Bacchus de Jean Dytar, prix À Tours de Bulles 2015, ou bien encore la récente collection des grands peintres proposée par Glénat, le 9ème Art semble vouloir rend hommage appuyé à son illustre prédécesseur. Cédant à la tendance du moment, Milo Manara s’attaque au Caravage, expert du chiaroscuro et bad boy notoire.
La palette et l'épée
permet à l’un des chefs de file de l’érotisme transalpin faire partager,
à nouveau, son amour des jolies femmes et… sa passion pour la peinture.
Ces soixante-quatre planches à l’esthétique très « manaresque »
permettent d’appréhender un artiste en rupture avec le Maniérisme et
qui, en replaçant le commun des mortels au centre de son œuvre, fut l’un
des vecteurs artistiques de la contre-réforme. Milo Manara réalise là
un récit visuellement des plus plaisants, mais dépeint également la
quête artistique d’un peintre que la rumeur fît longtemps passer pour un
voyou aussi prompt à croiser le fer qu’à manier le pinceau. Ce premier
volet de ce qui sera un diptyque, va au-delà de la simple biographie et
s’essaye à rendre compte de la complexité d’un homme et d’une époque
dirigée par le dogme pontifical qui brûlait encore ceux qui s’opposaient
à lui et qui entendait utiliser l’Art comme outil de prosélytisme.
N’en
déplaise aux tenants d’un Manara uniquement préoccupé par les courbes
de ses belles, ce Caravage porte en lui autre chose… et, malgré une
architecture de la cité éternelle plus proche des védustistes du XVIIIe
siècle que du baroque italien, graphiquement cet album s’avère de belle
facture !