© Delcourt 2014 - Moreau |
Max est un fils qui gagne. Depuis sa seizième année, il enchaîne les
victoires avec une nonchalance déconcertante ! Sept ans qu’il règne sans
partage sur le circuit ATP. Mais cette suprématie a un prix que bien
peu imaginent.
Max Winson est l’occasion de retrouver
Jérémie Moreau et un récit plein d’imagination et de sensibilité sur le
rapport aux autres.
Ce premier album en solitaire relate
le quotidien d’un adolescent formaté par un père soucieux de transformer
sa progéniture en une machine à gagner qui, docilement, engrange les
trophées sans passion… Le monde du sport est riche d’exemples de
prodiges programmés par des parents qui, à défaut de vouloir le meilleur
pour leurs bambins, projettent sur eux leurs rêves inachevés. Max
grandit ainsi sous l’emprise d’entraineurs pour qui la perfection est
une idée fixe et la victoire une obsession.
Avec La
tyrannie, la compétition est élevée en vertu cardinale d’une société
vivant au rythme des succès de son idole. Mais Jérémie Moreau pousse
plus loin la réflexion et pose le sport comme business-model et
substitut à la guerre que les nations hésitent désormais à se faire. Un
match devient alors le vecteur promotionnel de la supériorité de
systèmes politiques ou économiques qui ne se reconnaissent que dans
leurs vainqueurs. Désormais, les illusions du baron de Coubertin peinent
à planer au-dessus de la flamme olympique, sauf pour Max !
Rompant
avec le graphisme du Singe de Hartlepool, le jeune dessinateur donne
joliment vie à ses personnages grâce à un trait fin et délicat qui
saisit et transmet l’essentiel : l’émotion. Parallèlement, il confère à
ses dialogues comme à sa mise en gris toute la profondeur nécessaire
pour porter un propos qui sait aller au-delà de la simple histoire d’un
petit Prince qui, le soir venu, compte ses balles jaunes pour
s’endormir.
Cet album original concrétise tous les
espoirs mis en l’ancien pensionnaire des Gobelins qui à seize ans
décrocha le prix de la BD scolaire d’Angoulême. Depuis, il a acquis - en
2013 - la considération de ses pairs et du public avec les Prix Château
de Cheverny de la bande dessinée historique et des libraires de bande
dessinée … N’y aurait-il pas un peu de Max en Jérémie ?
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