vendredi 31 janvier 2014

The man of New-York

Robert Moses

Il est des hommes qui marquent durablement les métropoles qu’ils façonnent. Ainsi en est-il du préfet Haussmann à Paris, de Lúcio Costa à Brasilia, de Robert Moses à New York ou, dans une bien moindre mesure, d’Auguste Perret au Havre et de Claude Nicolas Ledoux à Arc et Senans. 

© Glénat 2014 - Christin & Balez
Pierre Christin, après avoir beaucoup voyagé, et pas que dans le futur, revient au XXe siècle sur la côte Est des États-Unis pour évoquer celui qui, depuis son antre de Randall Island, transforma Big Apple au plus profond d’elle-même : Robert Moses.

Le parallèle avec le préfet Hausmann - son illustre prédécesseur parisien - était inévitable. Agissant en potentats, ces bâtisseurs domptèrent la pierre ou le béton, le pavé ou l’asphalte, des villes qu’ils transformèrent. Tandis que l’un créait de larges perspectives pour permettre à la cavalerie impériale de mieux charger d’éventuels insurgés, l’autre inscrivait à grands coups de bulldozers d’immenses autoroutes urbaines dévolues à l’automobile. Tous deux partageaient une conception identique de l’urbanisation qui allait au-delà des lieux communs : « La ville n’est qu’une partie du tout qui l’entoure, mais c’est elle qui irrigue le tout ». Leur perception de l’espace était alors globale, prospective et… sujette à polémique ! 

Ce one shot est une biographie parfaitement documentée et orchestrée qui permet d’appréhender ce grand constructeur (et démolisseur) sans toutefois pouvoir apprécier son œuvre, sauf à bien connaître Manhattan, le Queens et consorts ! Quoi qu’il en soit, l’approche s’avère objective et n’hésite pas à prendre un certain recul sur la trajectoire d’un démiurge ambigu devenu quelque peu mégalomane ! Après cinquante ans de règne sans partage et faute d’avoir su saisir l’évolution des aspirations de ses contemporains, le chantre du fonctionnalisme hygiénique sombra devant l’activisme de Jane Jacobs qui lui opposa une vision alternative de la cité, centrée sur l’individu. 

Paradoxalement, la mise en page d’Olivier Balez marque la verticalité new-yorkaise en privilégiant une disposition à l’horizontale, généralement sur trois strips, et révèle, par son graphisme épuré, toute la vie que recèle la mégapole tentaculaire. Parallèlement, la mise en couleur aux teintes passées et le recours à un papier mat d’un agréable grammage posent l’album en harmonie avec la temporalité des événements. 

Le maître caché de New York propose de comprendre celui qui entendait réunir tous les éléments de la tapisserie urbaine new-yorkaise dans sa route du ciel...

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