vendredi 31 janvier 2014

Jeu, set, et... Match !

Max Winson : 1. Tyrannie
 
© Delcourt 2014 - Moreau
Max est un fils qui gagne. Depuis sa seizième année, il enchaîne les victoires avec une nonchalance déconcertante ! Sept ans qu’il règne sans partage sur le circuit ATP. Mais cette suprématie a un prix que bien peu imaginent. 

Max Winson est l’occasion de retrouver Jérémie Moreau et un récit plein d’imagination et de sensibilité sur le rapport aux autres. 

Ce premier album en solitaire relate le quotidien d’un adolescent formaté par un père soucieux de transformer sa progéniture en une machine à gagner qui, docilement, engrange les trophées sans passion… Le monde du sport est riche d’exemples de prodiges programmés par des parents qui, à défaut de vouloir le meilleur pour leurs bambins, projettent sur eux leurs rêves inachevés. Max grandit ainsi sous l’emprise d’entraineurs pour qui la perfection est une idée fixe et la victoire une obsession. 

Avec La tyrannie, la compétition est élevée en vertu cardinale d’une société vivant au rythme des succès de son idole. Mais Jérémie Moreau pousse plus loin la réflexion et pose le sport comme business-model et substitut à la guerre que les nations hésitent désormais à se faire. Un match devient alors le vecteur promotionnel de la supériorité de systèmes politiques ou économiques qui ne se reconnaissent que dans leurs vainqueurs. Désormais, les illusions du baron de Coubertin peinent à planer au-dessus de la flamme olympique, sauf pour Max ! 

Rompant avec le graphisme du Singe de Hartlepool, le jeune dessinateur donne joliment vie à ses personnages grâce à un trait fin et délicat qui saisit et transmet l’essentiel : l’émotion. Parallèlement, il confère à ses dialogues comme à sa mise en gris toute la profondeur nécessaire pour porter un propos qui sait aller au-delà de la simple histoire d’un petit Prince qui, le soir venu, compte ses balles jaunes pour s’endormir. 

Cet album original concrétise tous les espoirs mis en l’ancien pensionnaire des Gobelins qui à seize ans décrocha le prix de la BD scolaire d’Angoulême. Depuis, il a acquis - en 2013 - la considération de ses pairs et du public avec les Prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique et des libraires de bande dessinée … N’y aurait-il pas un peu de Max en Jérémie ?

The man of New-York

Robert Moses

Il est des hommes qui marquent durablement les métropoles qu’ils façonnent. Ainsi en est-il du préfet Haussmann à Paris, de Lúcio Costa à Brasilia, de Robert Moses à New York ou, dans une bien moindre mesure, d’Auguste Perret au Havre et de Claude Nicolas Ledoux à Arc et Senans. 

© Glénat 2014 - Christin & Balez
Pierre Christin, après avoir beaucoup voyagé, et pas que dans le futur, revient au XXe siècle sur la côte Est des États-Unis pour évoquer celui qui, depuis son antre de Randall Island, transforma Big Apple au plus profond d’elle-même : Robert Moses.

Le parallèle avec le préfet Hausmann - son illustre prédécesseur parisien - était inévitable. Agissant en potentats, ces bâtisseurs domptèrent la pierre ou le béton, le pavé ou l’asphalte, des villes qu’ils transformèrent. Tandis que l’un créait de larges perspectives pour permettre à la cavalerie impériale de mieux charger d’éventuels insurgés, l’autre inscrivait à grands coups de bulldozers d’immenses autoroutes urbaines dévolues à l’automobile. Tous deux partageaient une conception identique de l’urbanisation qui allait au-delà des lieux communs : « La ville n’est qu’une partie du tout qui l’entoure, mais c’est elle qui irrigue le tout ». Leur perception de l’espace était alors globale, prospective et… sujette à polémique ! 

Ce one shot est une biographie parfaitement documentée et orchestrée qui permet d’appréhender ce grand constructeur (et démolisseur) sans toutefois pouvoir apprécier son œuvre, sauf à bien connaître Manhattan, le Queens et consorts ! Quoi qu’il en soit, l’approche s’avère objective et n’hésite pas à prendre un certain recul sur la trajectoire d’un démiurge ambigu devenu quelque peu mégalomane ! Après cinquante ans de règne sans partage et faute d’avoir su saisir l’évolution des aspirations de ses contemporains, le chantre du fonctionnalisme hygiénique sombra devant l’activisme de Jane Jacobs qui lui opposa une vision alternative de la cité, centrée sur l’individu. 

Paradoxalement, la mise en page d’Olivier Balez marque la verticalité new-yorkaise en privilégiant une disposition à l’horizontale, généralement sur trois strips, et révèle, par son graphisme épuré, toute la vie que recèle la mégapole tentaculaire. Parallèlement, la mise en couleur aux teintes passées et le recours à un papier mat d’un agréable grammage posent l’album en harmonie avec la temporalité des événements. 

Le maître caché de New York propose de comprendre celui qui entendait réunir tous les éléments de la tapisserie urbaine new-yorkaise dans sa route du ciel...

Simple comme un coup de fil !


© Urban Comics 2013 - Diggle & Simpson
Certains gestes peuvent paraître anodins et pourtant vous pourrir la journée, voire la vie ! Ramasser un smartphone flambant neuf, par exemple ! Jake Dobson ne le sait pas encore, mais ce faisant, il va croiser la route d’un tueur qui efface tous ceux qui, de près ou de loin, ont un lien avec le portable trouvé… 

Retravaillant le concept du héros ordinaire pris, malgré lui, dans une tourmente sanglante, le scénariste anglais Andy Diggle en livre une variation au final surprenant. Ainsi, plonge-t-il un gamin - qui peine à sortir de l’adolescence - au milieu d’un thriller hémoglobiné prenant pour toile de fond la maîtrise des algorithmes boursiers autonomes à haute fréquence ! Il en résulte un récit nerveux, qui privilégie l’action. Jake est totalement dépassé par une cascade événements sur lesquels il n’a aucune prise. 

En s'étalant pleine page et en structurant leurs planches à grand renfort de superpositions ou d’incrustations de vignettes, les auteurs imposent un rythme effréné. Cette frénésie de mouvements se retrouve dans le trait sec et fin de Jock, ainsi que dans un graphisme qui ne s’embarrasse pas de détails ou de nuances - surtout dans les ombrages - et qui fait la part belle aux onomatopées en tous genres. 

Prenant souvent le lecteur à contre-pieds et ne cédant pas aux clichés du happy-end, Snapshot séduira les amateurs de poursuites échevelées.

lundi 20 janvier 2014

Chienne de vie !

Golden dogs : 1. Fanny
 
© Le Lombard 2014 - Desberg & Goelen
1820, Londres. Sur les quais de la Tamise, les richesses venues des comptoirs d’Orient s’entassent à portée de main, mais les malheureux qui cèdent à la tentation sont impitoyablement châtiés. La misère qui règne sous le brouillard londonien est l’occasion de nombreuses exactions, car pour s'offrir une place au soleil, lorsqu’il y en a, il n’existe que peu de solutions et la plus facile n’est pas la plus honnête ! 

En janvier 2013, Griffo signait la Première partie de la mise en abyme de Valérie Mangin et, en novembre, le troisième opus de L’oracle della luna. 2014 sera tout aussi prolifique puisque paraît déjà Fanny, premier volet de la tétralogie Golden dogs avec Stephen Desberg au script. 

Quittant le XVIIe siècle afin d’aller musarder dans les prémices du XIXe, le dessinateur belge démontre son habileté à rendre compte de l’atmosphère des époques qu’il fréquente. Son trait semi-réaliste sait retranscrire l’essentiel et, si certaines libertés sur les seconds plans ou certains photomontages interpellent furtivement, elles ne nuisent pas fondamentalement à la qualité graphique d’un album qui joue plus sur l’impression que sur la précision. Côté histoire, Stéphan Desberg, qui a déjà écrit avec Griffo six albums de Sherman, s’attache à l’ascension de quatre jeunes gens dans le milieu du crime, deux hommes et deux femmes. Son approche s’avère classique et efficace, mais sans réelle surprise, si ce n’est l’utilisation d’une métaphore musicale pour rythmer le récit. Toutefois, là aussi, quelques facilités - notamment l'aisance déconcertante avec laquelle les héros commettent leurs forfaits - viennent à faire douter de la vraisemblance du scénario. 

Ouverture en demi-teinte pour Golden dogs qui, après une entame prometteuse, peine finalement à convaincre. En espérant qu’Orwood, déjà annoncé pour le mois de mai, vienne infirmer ce sentiment.

dimanche 19 janvier 2014

Baronne et bretteuse...

Les 7 vies de l'Épervier : 12. Quinze ans après 

© Dargaud 2014 - Cothias & Juillard
La baronne de Troïl est de retour des Îles pour retrouver une fille qu’elle croyait morte-née. Escortée de près par Beau et Germain Grandpin, elle parcoure les terres enneigées de France, poursuivie par ses ennemis d’antan qui voient en cette providentielle progéniture, un moyen de se venger d’elle ! 

Revenant à ses œuvres de jeunesse Patrick Cothias livre un scénario aux dialogues inspirés qui, à défaut d’innover, offre l’occasion de renouer avec une Ariane préservée par le temps mais pas par le sort. La linéarité et la simplicité d’un propos qui ne laisse cependant aucun répit à notre héroïne permettent alors de se concentrer sur le graphisme d’André Juillard qui sait rendre compte de l’essentiel. Ici, point de fioriture graphique, mais la sobriété et l’apparente simplicité d’un trait épuré et précis dont il est cependant possible de regretter l’indicible rigidité qui vient en perturber la fluidité. 

Nec plus ultra de la bande dessinée historique, ce troisième cycle permet de retrouver la belle aristocrate toujours aussi fine lame que beau minois. Que demander de plus ? Rien ! Si ce n’est un petit peu plus de spontanéité et…d’émotion.


jeudi 16 janvier 2014

Peur sur la ville

Métropolis : Tome 1
 
© Delcourt 2014 - Fréjean & De Caneva
13 mai 1934, une déflagration secoue le parvis de l’esplanade de la Réconciliation de Métropolis, puis, d'un immeuble, des tirs achèvent méthodiquement les rescapés. L’inspecteur Faune, témoin du drame, parviendra à neutraliser le tireur embusqué et découvrira incidemment dans les tréfonds de la place une mise en scène des plus macabres. Existe-t-il un lien entre ces cadavres mutilés de femmes et cet attentat ? Et que peuvent bien cacher les évolutions de la mégapole que seul le jeune policier semble percevoir ? L’histoire ne fait que commencer !

En 1999, Serge Lehman renonçait à l’idée d’écrire un roman uchronique sur une Europe qui aurait su s'éviter le conflit de 14-18. Confronté à la difficulté de donner une réelle crédibilité sociale à un monde épargné par les cicatrices d’une Première Guerre mondiale, le livre ne fut finalement jamais achevé. Plus d’une décennie plus tard, le projet se concrétise sous une toute autre forme : celle d’une bande dessinée. 

Métropolis est un objet hybride. Du moins apparaît-il comme tel à l'issue du premier opus de cette tétralogie frappée du label des éditions Delcourt. 

D’abord, il y a l’uchronie. Cette agglomération tentaculaire, créée – pour les besoins de la fiction – par Aristide Briand et Gustav Stresemann, symbolise l’entente franco-allemande au lendemain du traité de Francfort (1871) et rappelle fortuitement que les deux diplomates reçurent le prix Nobel de la Paix pour les accords de Locarno (1925). Sur le modèle des villes de franchise du Moyen-âge, cette urbanisation nouvelle prend littéralement possession des quatre-vingt seize pages et sait générer ses propres codes graphiques, largement inspirés par le début du XXe siècle. Dans un Métropolis aux airs de New York se croise le Who’s Who des années trente !

Puis, il y a la dimension policière, représentée par Gabriel Faune. Cet éminent membre du bureau de contrôle, flanqué d’un collègue psychologiquement instable, va devoir dénouer une double affaire. D’un coté, un acte terroriste dont les ramifications politiques se dessinent en filigrane, et de l’autre, des dépouilles momifiées retrouvées au milieu des décombres. Dès les premières planches, le lecteur est immergé au cœur de deux enquêtes, entre turpides humaines et arcanes de la diplomatie.

Enfin, il y a le volet fantastique. Gabriel connaît mieux que quiconque tous les recoins de la cité dont il en est le « Citoyen n° 1». Cette compréhension confine à l’intimité puisqu’il entretient avec la métropole des relations émotionnelles qui interpellent autant qu’elles interrogent. 

La force des paysages urbains et les sensations qui en émanent sont indissociables du graphisme impressionnant de Stéphane de Caneva. Classique et réaliste, son trait est équilibré et sa gestion des cadrages permet d’appréhender la composition de la ville selon des perspectives étourdissantes rappelant le travail d’Anne Renaud sur Hel. Comme rarement, son approche graphique confère à la mégalopole une présence qui fait écho aux sentiments ambigus que ressent le héros. Ainsi, le rapprochement avec Masqué, autre production du scénariste, devient inévitable, tout comme l’analogie avec les Cités obscures de Benoît Peeters et François Schuiten pour la prégnance des constructions architecturales.

Sur un script superbement mis en image, mixant habilement Histoire alternative, thriller et paranormal, Métropolis engage une réflexion sur l’utopie de la paix et gratifie ses lecteurs d’une séduisante ouverture.

Drôles de moeurs

La mondaine : Tome 1

© Dargaud 2014 - Drousie & Lafebre
Avril mille neuf cent quarante-quatre, les bombes anglaises pleuvent sur la capitale : il faut toujours qu’il vous tombe quelque chose dessus à Paris ! Dans un abri, Aimé Louzeau se souvient de ses débuts à la Mondaine… 

Après Lydie, Zidrou et Jordi Lafebre se retrouvent à nouveau. Ici, plus question de femme-enfant ni de Papa Tchou-Tchou, mais des états d’âme d’un jeune inspecteur confronté aux débordements sexuels de ses contemporains. Sujet délicat sur lequel il est aisé de céder à la facilité, ce que Zidrou évite fort habilement. En effet, les turpitudes amoureuses des Parisiens passeraient presque au second plan, supplantées par l’histoire pour le moins singulière d’Aimé. Jamais là où on l’attend, le scénariste belge propose un récit déroutant. Évoquant avec tact, quoique sans détour, les pratiques les plus sordides, il les entremêle avec des considérations humaines toutes autres, créant une dichotomie étrange des sentiments. L’impression est d’autant plus forte que la naïveté du policier ne le prédispose pas au mieux à ce type d’enquêtes. 

Cette sensation se trouve encore renforcée par le trait de Jordi Lafebre, tout en douceur, bonhomie et gentillesse. Lorsqu’il s’agit de dépeindre la bonté d’âme de ses personnages, il excelle, mais malheureusement pour lui, le dessinateur barcelonais ne sait pas dessiner le cynisme ni la perversion, ou alors avec une empathie à contre-emploi. 

Abordant des sujets sensibles, parfois maladroitement, ce premier volet du diptyque ne peut se départir d’une tendresse qui ferait croire en l’espèce humaine. La réalité est pourtant moins idyllique, surtout aux Mœurs !

lundi 13 janvier 2014

Спасибо Сталин компаньона !

Stalingrad khronika : Tome 2

© Dupuis 2013 - Ricard & Bourgeron
Sur ordre de Staline, Yaroslav, Simon, Kazimir, et Igor doivent faire un film sur la grande armée soviétique et l’héroïsme de ces soldats. Seulement, la guerre et les inimitiés séparent les quatre hommes. Dans une ville livrée aux combats et aux rigueurs de l’hiver, chacun est livré à lui-même.

Ce second volet du diptyque de Sylvain Ricard et Franck Bourgeron s’attachent à l’errance de ces individus perdus dans un conflit et des considérations politiques où le machiavélisme et la paranoïa l’emporte sur tout. Mensonges et manigances, tous les moyens sont bons pour survivre en ses temps où la mort pouvait venir de chez l’ennemi comme de ses propres lignes.

Dans une pagination toute en sobriété et une mise couleurs éclairée seulement pas la lueur des explosions dans la nuit, Stalingrad khronika révèle la silhouette fantomatique de l’ex Tsaritsyne dévastée et les bassesses de pions qui errent dans ses décombres, broyés par un totalitarisme aussi abscons que stupide qui, au final, comptera ses victimes par millions.

En deux albums, les auteurs brossent le tableau d’une humanité qui s’évertue à s’asservir. Guère encourageant !

dimanche 5 janvier 2014

Oh Gaby ! J't'ai déjà dit qu'était bien plus con que Mauricette... (air connu)


© Delcourt 2013 - Lupano & Guenoden
Il est des destins plus glorieux que d’autres, et sur ce registre, Vincent et Gaby ne marqueront pas leur époque. Englués dans leur quotidien blafard, l’un rêve de plages sénégalaises tandis que l’autre se voit à Las Vegas. Seulement pour y aller, il faut du pognon et c’est là que les choses se compliquent...

Ma révérence permet à Wilfrid Lupano de ciseler un bien joli scénario : l’histoire banale de deux paumés qui se rêvent un monde meilleur. Mais le scénariste d’Azimut n’est pas du genre à céder à la facilité et il sait prendre le lecteur à contre pied avec ce duo improbable, né de la rencontre d’un Clown blanc immature et d’un Auguste tellement con et pathétique qu’il en devient… attachant. Aussi, ce qui aurait pu être le récit d’un braquage de petites mains glisse lentement vers la comédie de mœurs qui sait éviter les clichés qui collent à la Banlieue comme un chewing-gum aux Converse.

Sur ce scénario mitonné aux petits oignons, Rodolphe Guenoden enchaîne le pas avec un brio qui frôle la perfection, son dessin semi réaliste - parfois à la limite de la caricature – donne vie et crédibilité à toute une galerie de portraits aussi vrais que nature. Il n’y a rien à dire, on s’y croirait !

Cent-vingt-trois planches qui laisseraient à penser que même au fond du fond, il est toujours possible de s’en sortir pour peu que l’on ait assez de regrets et de lucidité pour le faire… Pourquoi pas ?

samedi 4 janvier 2014

Au début était Winshluss...

In God We Trust

© Les Requins Marteaux 2013 - Paronnaud
Au commencement de nos bibliothèques était le Néant, et Winshluss combla ce vide : 
  • Le premier jour, Il créa Super negra (1999), ·
  • Le second jour, Il donna la vie à Monsieur Ferraille (2001), · 
  • Les troisième et quatrième jours, il engendra coup sur coup Welcome to the Death (2002) puis Pat Boon (2002), 
  • Le cinquième jour, Il conçût Smart monkey (2004), 
  • Le sixième jour, Il enfanta Pinocchio dans l’allégresse et à son image.
Malgré quelques heures sup (Wizz et Buzz, Ferraille science…) et plutôt que de se reposer, il entreprit le septième jour d’écrire l’histoire de sa vie, car Winshluss était bon et il voulait que cela se sache…

Il est des hommes de peu de foi et de culture qui ne demandent qu'à sortir des ténèbres. Soucieux de m’apporter la lumière, mon libraire me conseilla, pour Noël, une version non expurgée de la Bible qui selon lui me convertirait aux bienfaits des productions indépendantes et me sortirait de ma condition de pénitent du franco-belge. 

Son prosélytisme, n’a pas eu l’effet escompté ! La faute à une œuvre qui malgré une qualité graphique indéniable n’arrive pas à s’extraire d’une étrange impression de déjà lu et d’un humour potache et irrévérencieux qui ne prête (rarement) qu’à sourire. Les voies du Seigneur sont impénétrables dit-on ; pour le mécréant que je suis, elles le restent encore !

Nullement décontenancé, mon évangéliste de libraire me propose la réédition de Pinocchio. Décidé à mettre sa foi à l’épreuve, il attendra (au moins) quarante jours !