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Après des jours d’une marche harassante au milieu des
marigots poisseux de la jungle d’Amazonas, la cité si convoitée de Guyanacapac
se dresse enfin devant les hommes du Neptune. Leur contemplation est cependant
de courte durée puisque le maître des lieux - auquel des générations furent
sacrifiées - a encore faim de chairs, et ses prêtres tiennent à lui offrir la
plus tendre qui soit !
Quatrième opus en forme d’apothéose pour l’emblématique
flibustier qui forge définitivement sa légende, en défiant Guyanacapac dans son
antre. Cette ultime confrontation est l’occasion pour Mathieu Lauffray de
s’abandonner à la plénitude de son art. Au travers d’un jeu d’ombres et de
traits, l’encrage fin et puissant et la mise en couleur s’appliquent à traduire,
avec précision, l’outrance d’un rite séculier comme la vilenie des protagonistes.
Les décors sont d’une théâtralité à couper le souffle et offrent aux acteurs de
cette tragédie un écrin à la mesure de leur complexité. Si la beauté du dessin a
fait le succès de la série, la qualité de son scénario n’est pas en reste.
Structurant son récit sur un crescendo dramatique, Xavier Dorison mêle
adroitement aventure et fantastique et dote cet album d'une émotion toute particulière.
À la fièvre de l’or des uns répond l’hystérie mystique des autres et la lutte
que se livrent Moxtechica et Long John prend, paradoxalement, des airs de St
George terrassant le dragon !
Gyanacapac est
un album qui sait rendre compte de la démesure des lieux aussi
bien que de la versatilité des damnés de la mer. À ne pas en douter, Xavier
Dorison et Mathieu Lauffray signent là, quelques-unes des plus belles planches
de ces dernières années. À lire absolument.
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