dimanche 3 juin 2012

Lente descente ...

Billet sur l'opus 2 de L'assassin qu'elle mérite : La fin de l'innocence

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Vienne 1900, Victor poursuit sa lente descente aux Enfers. Refusant la pauvreté, après avoir connu le luxe et son florilège de facilités, le jeune homme s’enivre de la simplicité à transgresser les règles. Mais pour le Milieu viennois, il n’est rien qu’une petite frappe, à qui il convient de rappeler certaines règles.

© Vents d'Ouest 2012 - Corboz & Lupano
Voici un album qui offre une déclinaison pour le moins originale du mythe de Frankenstein. Subtilement, par petites touches, Wilfrid Lupano décortique la lente transformation d’un fils exemplaire, machiavéliquement façonné par un dandy désabusé qui entend faire de sa déchéance une œuvre d’art. Si, dans un premier temps, il est envisageable de considérer Victor comme le jouet d’un destin qu’il ne peut maîtriser - faute d’en avoir conscience - les choses deviennent rapidement plus complexes lorsqu’il apparaît évident que le jeune viennois préfère céder à la facilité et à la violence envers ceux qui, à ses yeux, contrarient ses aspirations. Victime dépassée ou criminel qui s’ignorait, le scénario s’attache à décrire cette dualité dont l’issue apparaît inéluctable à moins que, dans un dernier sursaut de conscience, l’apprenti délinquant ne s’extrait de cette spirale infernale.Mais la déliquescence morale, fût-elle d’un adolescent, n’est pas l’unique sujet de cet album, qui aborde dans une Vienne en pleine effervescence, nombres de thématiques fortes comme : l’antisémitisme, le proxénétisme ou bien encore le cynisme des riches envers la résignation des pauvres. Autant d’occasions qui concourent à amplifier - à défaut de justifier – la conduite de Victor. En cela, le scénario murit par Lupano engendre un univers de composition parfaitement crédible que Yannick Corboz sait, fort justement, traduire en images à travers un trait réaliste et une mise en couleur légèrement surannée.

Vienne, capitale d’un empire où le faste le plus somptueux côtoie la misère la plus sordide risque bien d’avoir l’assassin qu’elle mérite !


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