samedi 9 juin 2012

Rififi à Paname

Billet sur l'opus 8 de Jour J : Paris brûle encore

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© Delcourt 2012 - Damien & Pécau
Après avoir débarqué avec le corps expéditionnaire américain sur les plages normandes, Oliver Nooman - photographe au Boston Globe - regagne Paris pour un important rendez-vous d’affaire au pied de la basilique du Sacré Cœur. La situation serait banale si elle ne se déroulait en 1976, dans un Paname réduit en ruines par huit ans de combats ! Dès lors, rejoindre Montmartre relève de la mission impossible.

Beaucoup se sont posés la question de savoir ce qu’il serait advenu de Mai 68 si… Pour leur part, Jean-Pierre Pécau, Fred Duval et Fred Blanchard ont déjà donné une première suite au fameux printemps à travers L’imagination au pouvoir. Avec Paris brûle encore, ils récidivent, mais dans un registre plus radical puisqu’ils livrent l’Hexagone à une guerre civile que beaucoup redoutèrent et que l’Histoire su éviter.

Alors que la Seconde Guerre mondiale avait épargné Paris de la destruction, le trio de scénaristes ne lui évite pas les affres d’une guérilla urbaine qui interpelle. En effet, les décors dont émergent les vestiges de la Tour Eiffel et de l’Arc de Triomphe renvoient à ces images que la télévision diffusait au début des années quatre-vingt à propos de Beyrouth ou sur la Yougoslavie dix ans plus tard. Si Mai 68 a des airs de 1789 et si le voyage éclair à Baden-Baden de De Gaulle prend des allures de fuite à Varennes, la digression historique des trois scénaristes est écrite de telle manière qu’elle apparaît plausible à défaut d’être crédible. Toutefois, dans ce scénario apocalyptique - qui n’est pas sans réveiller certaines réminiscences cinématographiques du même genre - la fin de l’album, très happy-end, apparaît pour le moins anachronique !

Dans le même registre, le graphisme de Damien (Arcanes Majeur, Une brève histoire de l’avenir), malgré toutes ses qualités, ne possède pas cette radicalité du trait qui aurait encore exacerbé la noirceur du scénario. Cependant, ne boudons pas la qualité du travail réalisé. Ainsi en est-il des séquences combats où la quasi absence d’onomatopées passe inaperçue, démontrant que le dessin se suffit amplement à lui-même.

Huitième opus d’une série qui pourrait être sans fin, Paris brûle encore s’attarde intelligemment sur ce qu’aurait pu devenir le printemps de 1968 si…

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