© La boîte à bulles 2018 - Roy & Dorange |
La MGM fit d’elle la plus belle du monde ! La légende veut qu’elle
inspirât Disney pour sa Blanche Neige et que la première Catwoman lui
doive beaucoup. Morte à 85 ans dans une quasi-indifférence sans vraiment
avoir marqué le 7ème Art, la technologie des communications ne serait
cependant pas ce qu’elle est aujourd’hui sans elle ! Elle, c’est Hedy
Lamarr.
Née en Autriche en 1914, mais ukrainienne par son père et
roumaine par sa mère, Hedwig Eva Maria Kiesler défraya la chronique
cinématographique européenne avec Extase où elle mima le premier orgasme
féminin du cinéma, elle n’avait pas encore 20 ans. Fuyant la montée du
nazisme, elle émigra aux États-Unis où Louis B. Mayer essaya d’en faire
l’égale de Garbo... sans réellement y parvenir ! Trop souvent réduite au
rang de trophée, tous oublièrent qu’elle fut, avec le compositeur
George Antheil, la co-inventrice de l’étalement de spectre par saut de
fréquence qui est toujours utilisé pour le positionnement par satellites
ou certains types de Wi-Fi !
Hedy Lamar (source en.wikiquote.org) |
Sous ses airs de biographie, cet album
s’avère très contemporain. Au travers
de ce destin hors-norme, chacun pourra s’interroger sur la valeur de la
beauté, le star system ou bien encore le formatage social qui empêche
l'Humanité de valoriser pleinement la moitié de son potentiel. Femme
indépendante et magnifique, autodidacte certainement plus intelligente
que la plupart des hommes qu’elle côtoya, femme à hommes à la libido
pathologique, mère discrète au point de cacher sa carrière à ses
enfants, Hedy Lamarr s’avéra être une personne complexe et William Roy
sait, dans un récit linéaire, rendre compte de son ambiguïté sans pour
autant expliquer les contradictions de celle qui interpréta la Delilah
de Cecil B. DeMille. Pour donner vie à cette innovatrice dilettante,
Sylvain Dorange utilise une mise en page sur trois strips souvent en
deux cases gardant ainsi une classique constance que viennent rompre
quelques pleines pages. Simple et fin, le trait souligne les yeux,
dessine les nez et laisse aux aplats de couleurs le soins d’animer des
planches qui jouent avec les codes visuels de l’âge d’or d'Hollywood.
Hedy Lamarr assuma sa double personnalité, mais elle eut visiblement le
tort d’être née trente ans trop tôt. La plus belle femme du monde
possède le mérite de la (re)mettre à l’honneur, comme ce fut aussi le
cas, il y a peu, pour un certain Alan Mathison Turing.
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