© Delcourt 2017 - Layman & Guillory |
Voilà, c’est fini !
En
guise d'introduction, il y a mieux ! Pourtant, tel est le constat à la
lecture de ce dernier volet des aventures de Tony Chu, flic cibopathe.
Conçu un soir particulièrement arrosé (et vraisemblablement pas au jus
de betteraves) en marge du San Diego Comic Con en 2008, il fallait une
sacrée dose d’optimisme pour parier un dollar sur ce pitch à dormir
debout. Mais le talent aidant, le rêve américain a encore frappé !
En
autant d’albums qu’en compte une douzaine d’œufs, John Layman et Rob
Guillory nous ont entraîné dans leur univers délirant à l’humour au
énième degré, à la manière de feu Gotlib. Exubérant, prolixe, excessif,
expansif, débridé, iconoclaste, halluciné et hallucinant… les
qualificatifs ne manquent pas pour caractériser ce travail salué par
deux Eisner Awards et un Harvey Award. À ce titre, dernier repas fait
office de best off. Le trait de Rob Guillory a gagné en maturité ce que
son personnage a perdu en illusion, l’accompagnant ainsi jusque dans ses
blessures les plus profondes pendant que John Layman déroulait un
scénario aux digressions ubuesques, mais au fil rouge d’une belle
rectitude. Graphiquement des plus maîtrisés, notamment dans sa
composition, sachant préserver les recettes qui ont fait son succès, cet
ultime opus referme une série aussi atypique que transgressive,
prouvant si besoin était que d’un grand n’importe quoi, peut sortir un
petit quelque chose.
Un seul regret cependant, la base line de la version française, traduire cibopathe par cannibale… quelle faute de goût !
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