vendredi 23 septembre 2016

CONFESSIONS D'UN ENRAGE


© Glénat 2016 - Otéro
La douceur du Maroc, l’insouciance de l’enfance, effacées d’un simple coup de griffe ! Il y eu un avant radieux, il y aura un après sombre et interminable. La rage au cœur, la hargne au ventre, Liam gaspille sa vie à lutter contre la bête qui lui ronge les entrailles, celle qui veut son âme.

Il est des couvertures, fussent-elles perdues entre mille, qui attirent le regard. La composition de Vérane Otéro est de celles-ci, véritable condensé du second album en tant qu’auteur complet de Nicolas, son mari.

Écrit à la première personne, Confession d’un enragé n’est pas uniquement une autobiographie. Il est également question d’une réflexion sur cette révolte sourde et maladive qui étreint fasse à l’injustice ou, plus prosaïquement, face à certaines contrariétés. Liam ne peut contenir cette violence qu’il laisse parfois éclater dans une bouffée destructrice. Inconsciemment, il s’invente un châtiment qui lentement l’attire dans une spirale autodestructrice à la fin sans surprise. Traité sur le ton de la nostalgie, de l’humour, de la dérision, puis du cynisme et enfin de l’espoir, Nicolas Otéro livre le récit ambigu d’un coupable que l’on voudrait victime. Liam porte-t-il à jamais les séquelles latents de la rage, comme l’analyse clinique qui rythme le récit tendrait à le faire croire, ou s’agit-il de quelqu’un qui cultive sa névrose avant d’être totalement dépassé par celle-ci ? Peu importe, le récit se lit d’une traite et quelle que soit l’hypothèse retenue par le lecteur, celui-ci se retrouve inexorablement entraîné par la relation symbiotique qu’entretient le jeune héros avec sa maladie… avec ce félin intérieur ! Pour rendre compte du crescendo des tensions, Nicolas Otéro matérialise le mal qui prend possession du jeune garçon par une mise en couleur et des circonvolutions travaillées, renforçant ainsi un graphisme qui, curieusement et malgré toutes ses qualités, ne peut exprimer toute la perversité d’un garçon qui fait plus figure de sale gosse que de bad boy. 

Sept vies, tel était le marché ! À bien y compter, il en resterait deux… Suffisamment pour tenir la bête à distance sous réserve de ne pas y céder encore, et encore !

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