Célestin ne pense qu’à une chose : quitter l’étude notariale de
son père et monter à Paris pour devenir réalisateur. Et comme il vaut
mieux vivre ses rêves que de rêver sa vie, il prend un train pour la
capitale...
© Bamboo 2016 - Galandon & Blier |
Les liens entre le 7e et le 9e Art ont
toujours été très forts. Nés pratiquement en même temps, l’un puise chez
l’autre ses références et son inspiration, et réciproquement. Après Une vie à écrire du duo Félix/Liman ou plus récemment Pornhollywood de Simsolo et Hé, c’est au tour de Laurent Galandon et Frédéric Blier de faire une incursion au pays des frères Lumière.
Si
le scénario se situe en 1927, ce n’est pas innocemment. Il s’agit d’une
année charnière qui verra le cinéma devenir parlant. Révolution qui
précipitera la chute de nombre de dieux cinématographiques muets -
symbolisés par Constance, actrice sourde et muette, et Jacques, musicien
de salle -, et l’avènement d’une nouvelle manière de s’exprimer sur
pellicule. C’est aussi à cette époque que cet art naissant bascula
résolument de l’artisanat au mode industriel. La parole du muet n’en est
pas pour autant un drame, mais plutôt une comédie qui sait, par de
brèves incursions dans le burlesque et une galerie de personnages typés
et sympathiques, susciter immédiatement l’empathie du lecteur. Véritable distraction (au sens noble du terme), ce diptyque annoncé ne fait pas pour autant dans la
facilité et sait s’inscrire dans son temps et en donner une vision
crédible à défaut d’être exacte.
Conçu à l’ancienne, à
l’encre et au pinceau, mais colorisé sous informatique par Sébastien
Bouet, le travail de Frédéric Blier donne sa personnalité à ce récit.
Bénéficiant de la couleur et du son (les phylactères !), le dessinateur
d’Amère patrie n’a pas besoin de surjouer comme le faisaient parfois
certains acteurs du muet. Tout est posé, simplement, gentiment,
serait-on tenté de dire, mais avec justesse. Seul petit point de détail,
avec la tonalité des couleurs, un papier mat aurait certainement été
plus adapté, tant dans la texture des planches que dans le rendu de la
palette chromatique.
À l’image de sa couverture, Le géant
et l’effeuilleuse sait - sous une apparence des plus classiques -
offrir un divertissement de qualité. Vivement la seconde (et dernière !)
séance.
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