Metropolis : 3. Tome 3
© Delcourt 2015 - Lehman, Serge & De Caneva |
« Un thriller uchronique, sombre et dense où la quête de la vérité et de
l’amour a le visage de la folie ». Non, il ne s’agit pas de l’accroche
du quatrième Millénium, mais de celle du dernier volet en date de
Metropolis… Comme quoi, le marketing des uns peut servir aux autres !
Tiré d’un roman jamais publié, Metropolis possède un scénario qui s’appuie sur une véritable réflexion. Serge Lehman a des choses à dire, à faire passer et il ne le fait pas à l’emporte-pièce, mais selon un schéma patiemment élaboré. Le postulat de base du scénariste est en soi très ambitieux : imaginer une Europe qui n’aurait pas connu de Première Guerre mondiale. Pour répondre à cette question, Serge Lehman opte pour une alternative subtile. Plutôt que de se situer dans un contexte purement historique, il change la donne et se pose délibérément dans un référentiel culturel, piochant ses références dans la littérature, la peinture, l’architecture, le cinéma…, le tout baignant dans un néo scientisme « …/… seule forme de vérité que tous les hommes puissent partager…/… », graphiquement, du plus bel effet.
Mais, cette tétralogie est également un policier à suspense conçu pour déstabiliser le lecteur. Si ce dernier subodore derrière un simple fait divers une machination d’envergure, il ne peut encore en appréhender pleinement ni la nature, ni l’ampleur. Cerise sur le gâteau, le récit se nimbe désormais d’un irrationnel qui vient heurter de plein fouet un script jusqu’à présent très cartésien. En écho, le dessin de Stéphane de Caneva évolue, même s’il garde toujours sa sobriété, aidé en cela par la mise en couleurs de Dimitris Martinos. Délaissant quelque peu la verticalité d’une architecture de plus en plus oppressante, le dessinateur s’attache à exprimer la psyché de ses divers personnages et par la même occasion entraîne son lectorat dans les profondeurs d’une agglomération tentaculaire et, semblait-il, dotée d’une conscience.
Si le succès en bande dessinée est aléatoire, pour certains albums, scrupuleusement pensés et esthétiquement maîtrisés, il peut aisément se comprendre !
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