Metropolis : Tome 2
L'attentat du Réconciliation et la macabre découverte faite dans ses
sous-sols rappellent aux autorités locales que l’avenir de Metropolis
n’est pas aussi radieux qu’elles le souhaiteraient. Afin de couper court
à tout débordement, l'inspecteur Lohmann et Gabriel Fauve, le citoyen
n°1 de la ville, sont chargés de résoudre promptement et en toute
discrétion ces deux affaires. Des tréfonds des ruelles, une rumeur monte
et présage d’un futur tourmenté.
Au début de l’année, le
premier volet de cette tétralogie avait marqué les esprits, tant par
l’inventivité de son scénario que par la qualité de son graphisme. Qu’en
est-il de ce second opus ?
© Delcourt 2014 - Lehman & De Caneva |
Le choc de la couverture
passé, le lecteur (re)trouve un univers graphique déjà familier. Les
codes sont désormais en place et la palette de couleurs de Dimitris
Martinos continue d'instaurer une ambiance à la fois pesante et un rien
surannée - nous sommes en 1935 -, mais aussi de donner corps à la menace
sourde qui pèse sur la cité. Seule note de couleur dans cet univers
oppressant : Louise, souvent de rouge vêtue.
Après avoir
tracé le cadre historique et posé les bases de la double intrigue
policière dans le premier album, Serge Lehman développe son récit sur un
registre plus intimiste où l’enquête et les hommes prennent le pas sur
la mégalopole et son architecture. Si l’uchronie implique de reprendre
certaines figures connues, celles-ci connaissent d’autres destins.
Ainsi, un certain Hitler est peintre et le dénommé Einstein devient le
père de la conquête spatiale européenne. Serge Lehman réécrit
l’Histoire, mais il s’en inspire fortement et reste imprégné par ce qui
marqua le début de XXe siècle, notamment l’Art nouveau. À l’image de ce
dernier, qui su aborder tous les genres artistiques, son scénario fait
appel à de nombreuses disciplines. Il en est ainsi de la peinture, avec
de superbes planches de Stéphane De Caneva inspirées de quelques-unes
des plus célèbres œuvres de Gustav Klimt, telles Le baiser ou la sublime Danaé,
du cinéma, avec Athéna, réplique de l’androïde de Maria immortalisé par
Fritz Lang, ou de la bande dessinée avec une pleine page dont la
filiation à Objectif lune est évidente.
Bénéficiant
d’une réflexion uchronique aboutie et s’appuyant sur un trait et une
colorisation maîtrisant parfaitement les formes et leurs rendus, Metropolis pourrait - en seulement quatre volumes - devenir une référence en la matière.
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