vendredi 24 octobre 2014

This is the end, my friend... (air connu)

L'Or et le Sang : Khalil

« - C’est nul, elle finit mal ton histoire !»
« - T’en connais qui finissent bien toi ? Moi pas, et puis tu sais pas tout…. ».

© Glénat 2014 - Nury & Merwan
Il y a un peu plus de cinq ans paraissait L’appel du large, premier volet d’un récit qui allait entraîner un petit truand corse et un aristocrate désabusé dans une aventure hors du commun, de celles qui vous font entrer dans la légende. 

Né il y a une vingtaine d’années au cours d’un voyage au Maroc de Fabien Nury et de Maurin Defrance et puisant son synopsis dans un roman jamais publié de ce dernier, L’or et le sang traite d'une guerre oubliée de tous. Prenant pour décors les montagnes marocaines et l’éphémère République confédérale des tribus du Rif, les coscénaristes offrent à leurs héros un cadre historique où chacun pourra, selon ses aspirations, donner un sens à sa vie.  

Amitié, Aventure, Amour. Telle est la trinité fondatrice de cette série qui donne à croire qu’il est encore possible de trouver d’indéfectibles amis dans l’adversité, de vivre ses envies de conquête ou de se perdre dans les yeux d’une femme. Khalil renoue somptueusement avec le grand frisson, celui qui souffle sur les dunes de Lawrence d'Arabie de David Lean ou, dans une moindre mesure, sur les paysages du Kafiristan de L'homme qui voulut être roi de John Huston, même si Calixte de Prampéand tient plus de Peter O'Toole que de Sean Connery ! Toutefois, les références cinématographiques ne sont pas les seules à venir à l’esprit. En feuilletant ces planches et comme l’évoquait récemment Fabien Nury, Kessel, Monfreid, Conrad… ne sont pas loin ; témoins d’une époque révolue où les rêves pouvaient encore prendre forme en ces terres africaines. 

Écrite, dessinée et colorisée à quatre mains, L’or et le sang est une œuvre collégiale à laquelle Fabien Bedouel et Merwan confèrent une matérialité sur laquelle Alice Bohl et Sandrine Bonini déclinent leur palette de couleurs. Le graphisme, tout en sobriété et surprenant de réalisme, acquiert une expressivité toute particulière au travers des regards de chaque protagoniste. Rien n’est surjoué, tout est juste, tant dans la grandeur des sentiments que dans l’exaltation des combats. 

Comme pour toutes les causes perdues, l’issue demeure inéluctable et les vainqueurs, malgré une magnanimité de façade, n’épargneront pas les vaincus. Ainsi se clôt une belle histoire qui, à l’évidence, pourrait faire un excellent film…

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