« - C’est nul, elle finit mal ton histoire !»
« - T’en connais qui finissent bien toi ? Moi pas, et puis tu sais pas tout…. ».
« - T’en connais qui finissent bien toi ? Moi pas, et puis tu sais pas tout…. ».
© Glénat 2014 - Nury & Merwan |
Il y a un peu plus de cinq ans paraissait L’appel du large,
premier volet d’un récit qui allait entraîner un petit truand corse et
un aristocrate désabusé dans une aventure hors du commun, de celles qui
vous font entrer dans la légende.
Né il y a une vingtaine d’années au cours d’un voyage au Maroc de Fabien
Nury et de Maurin Defrance et puisant son synopsis dans un roman jamais
publié de ce dernier, L’or et le sang traite d'une guerre
oubliée de tous. Prenant pour décors les montagnes marocaines et
l’éphémère République confédérale des tribus du Rif, les coscénaristes
offrent à leurs héros un cadre historique où chacun pourra, selon ses
aspirations, donner un sens à sa vie.
Amitié, Aventure, Amour. Telle est la trinité fondatrice de cette série
qui donne à croire qu’il est encore possible de trouver d’indéfectibles
amis dans l’adversité, de vivre ses envies de conquête ou de se perdre
dans les yeux d’une femme. Khalil renoue somptueusement avec le grand frisson, celui qui souffle sur les dunes de Lawrence d'Arabie de David Lean ou, dans une moindre mesure, sur les paysages du Kafiristan de L'homme qui voulut être roi
de John Huston, même si Calixte de Prampéand tient plus de Peter
O'Toole que de Sean Connery ! Toutefois, les références
cinématographiques ne sont pas les seules à venir à l’esprit. En
feuilletant ces planches et comme l’évoquait récemment Fabien Nury,
Kessel, Monfreid, Conrad… ne sont pas loin ; témoins d’une époque
révolue où les rêves pouvaient encore prendre forme en ces terres
africaines.
Écrite, dessinée et colorisée à quatre mains, L’or et le sang est
une œuvre collégiale à laquelle Fabien Bedouel et Merwan confèrent une
matérialité sur laquelle Alice Bohl et Sandrine Bonini déclinent leur
palette de couleurs. Le graphisme, tout en sobriété et surprenant de
réalisme, acquiert une expressivité toute particulière au travers des
regards de chaque protagoniste. Rien n’est surjoué, tout est juste, tant
dans la grandeur des sentiments que dans l’exaltation des combats.
Comme pour toutes les causes perdues, l’issue demeure inéluctable et les
vainqueurs, malgré une magnanimité de façade, n’épargneront pas les
vaincus. Ainsi se clôt une belle histoire qui, à l’évidence, pourrait
faire un excellent film…
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