Héléna : tome 1
© Bamboo 2014 - Jim & Chabane |
Peut-on réécrire une histoire d’amour alors qu’elle n’a jamais vraiment existé ? C’est ce que voudrait croire Simon !
Jim
est un auteur éclectique qui manie avec dextérité le stylo comme le
crayon ou la caméra. Il sait donc user à bon escient de ces trois arts
pour produire une œuvre parfaitement calibrée qui n’est pas sans
présenter une certaine analogie avec celle d’un écrivain français : il y
a du Marc Levy en Thierry Terrasson, ou inversement. Les deux auteurs
savent raconter de jolies histoires d’amour avec un rien de romantisme
et suffisamment d’introspection de la part de leurs héros pour
interpeller le lecteur dans son propre vécu. La recette est imparable et
plait autant qu’elle peut insupporter.
Ainsi selon
l’humeur, Héléna offre une double lecture. D’un coté, un trentenaire qui
n’hésite pas à faire des choix sur lesquels d’autres auraient
procrastinés à l’envi ; de l’autre un homme qui n’arrive pas à assumer
un amour d’adolescence à sens unique. Cette ambiguïté se retrouve dans
sa relation avec Héléna. D’aucuns y verront le caprice d’un nouveau
riche qui s'offre ce qu’il n’est pas capable de conquérir, d’autres le
pouvoir rédempteur de l’amour apprivoisé. Loser patenté ou éternel
amoureux transi ? La question, si question il y a, reste posée.
Ceci
dit, il faut également évoquer le volet graphique de cette incursion
niçoise qui présente une étrange parenté avec sa prédécessrice romaine.
La raison en est certainement à rechercher dans la mise en couleur de
Delphine, qui œuvra sur les pérégrinations italiennes de Raphaël, et la
similitude du trait de Lounis Chabane et de Jim. C’est là le reproche
qui peut être fait à Héléna , celui d’être trop proche d’Une nuit à Rome
et de ne pas avoir coupé le cordon, ne serait-ce que graphiquement. Il
n’en demeure pas moins que l’album se lit et s’apprécie sans problème,
notamment pour ceux qui ignoreraient tout des déboires sentimentaux de
Marie !
Jim capitalise sur les états d’âmes de ses
contemporains. Mais à trop cultiver le thème, même en de nombreuses
variations, n’existe-t-il pas un risque de se répéter et de finir par
tourner en rond ?
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