© Le Lombard 2014 : Dufranne & Lefèbvre |
Bosser comme une dingue sur un dossier pour finir dans le rôle de la
potiche de service, se faire traiter de pute pour avoir refusé de donner
une cigarette à un connard de première, subir un dragueur minable dans
le train après une semaine de merde ou écouter les reproches de sa mère
sur son célibat, cela en est trop pour Apolline qui étouffe dans « un
corset qu’elle ne veut pas porter ».
Femens ! Le terme
claque telle une provocation. Qui sont-elles ? Pourquoi s’engagent-elles
sur le chemin du sextrémisme ? Michel Dufranne et Séverine Lefebvre
s’attachent à décrypter le parcours d’une nouvelle militante. S’en suit
un album visuellement attrayant, très tendance dans son approche
graphique, dans lequel le fond prime finalement sur la forme. Les
auteurs ont cherché à décrire la trajectoire de leur héroïne et les
difficultés qu’elle rencontre à poursuivre sur cette voie. À mille
lieues des passionarias hystériques tant décriées, Apolline (devenue
Sophie) s’affirme par son engagement, sans hargne, ni violence ou esprit
de revanche, mais avec détermination. Au fil du récit, et par le bais
des différents personnages, Michel Dufranne pose une analyse didactique,
trop peut-être, sur ce mouvement. Aucun prosélytisme cependant,
simplement le souci d’expliquer. En cela, ce one-shot atteint son but.
Chacun
lira cette histoire à l’aune de ses convictions et pourra, s’il le
souhaite, poursuivre la réflexion sur le sujet. Les Femens sont-elles un
phénomène de mode savamment exploité par ceux-là mêmes qu’elles
combattent ? S’agit-il des prémices d’un mouvement plus profond qui se
cherche ? Épiphénomène ou lame de fond, la question reste posée. Si la
sexualisation des tâches, comme les comportements foncièrement misogynes
subsistent encore de manière parfois prégnante, les choses ont
toutefois bien évolué depuis un fameux printemps de 68, mais, à
l'évidence, pas assez vite pour certaines !
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