mardi 30 septembre 2014

Topless et revendications


© Le Lombard 2014 : Dufranne & Lefèbvre
Bosser comme une dingue sur un dossier pour finir dans le rôle de la potiche de service, se faire traiter de pute pour avoir refusé de donner une cigarette à un connard de première, subir un dragueur minable dans le train après une semaine de merde ou écouter les reproches de sa mère sur son célibat, cela en est trop pour Apolline qui étouffe dans « un corset qu’elle ne veut pas porter ».

Femens ! Le terme claque telle une provocation. Qui sont-elles ? Pourquoi s’engagent-elles sur le chemin du sextrémisme ? Michel Dufranne et Séverine Lefebvre s’attachent à décrypter le parcours d’une nouvelle militante. S’en suit un album visuellement attrayant, très tendance dans son approche graphique, dans lequel le fond prime finalement sur la forme. Les auteurs ont cherché à décrire la trajectoire de leur héroïne et les difficultés qu’elle rencontre à poursuivre sur cette voie. À mille lieues des passionarias hystériques tant décriées, Apolline (devenue Sophie) s’affirme par son engagement, sans hargne, ni violence ou esprit de revanche, mais avec détermination. Au fil du récit, et par le bais des différents personnages, Michel Dufranne pose une analyse didactique, trop peut-être, sur ce mouvement. Aucun prosélytisme cependant, simplement le souci d’expliquer. En cela, ce one-shot atteint son but.

Chacun lira cette histoire à l’aune de ses convictions et pourra, s’il le souhaite, poursuivre la réflexion sur le sujet. Les Femens sont-elles un phénomène de mode savamment exploité par ceux-là mêmes qu’elles combattent ? S’agit-il des prémices d’un mouvement plus profond qui se cherche ? Épiphénomène ou lame de fond, la question reste posée. Si la sexualisation des tâches, comme les comportements foncièrement misogynes subsistent encore de manière parfois prégnante, les choses ont toutefois bien évolué depuis un fameux printemps de 68, mais, à l'évidence, pas assez vite pour certaines !

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