Universal War Two : 2. La terre promise
© Casterman 2014 - Bajram |
Après avoir absorbé le soleil, les
mystérieux triangles engloutissent Mars et toutes les colonies humaines.
Mais ce qui passait de prime abord pour une arme se révèle plutôt être
un vecteur spatio-temporel qui permet à une coalition extraterrestre
d’attaquer également Canaan…
Universal
War est une œuvre - à ce niveau-là, ce mot prend tout son sens - qui
comprendra trois cycles de six albums. Entre UW1, qui décrivait la mise à
feu et à sang du système solaire avec pour point d’orgue la destruction
de la Terre, et le futur UW3, qui prendra la quatrième dimension comme
terrain de jeu, UW2 explore les confins de la galaxie en mettant ce qui
reste du genre humain aux prises avec des forces qui le dépassent.
L’arrivée
du Temps du désert avait rassuré sur la capacité de Denis Bajram à
poursuivre sa saga intergalactique et sur l’exigence qu’il y mettait
(huit mois à raison de quatre-vingt-dix heures par semaine). Après une
ouverture pleine de promesses, la suite était attendue. Alors,
satellisation ou mise en orbite basse pour ce nouveau cycle ?
Avec
La terre promise, la science-fiction pure et dure reprend ses droits et
laisse libre cours à une démiurgie bajramnienne qui s’évertue, avec une
facilité déconcertante, à effacer de l’espace toute trace de l’Homo
sapiens. Mais au-delà du grand spectacle, ce space opera sait aussi se
faire didactique lorsqu’il est question de voyage dans le temps. À ce
titre, la démonstration sur la théorie de la cohérence linéaire du
continuum espace-temps est l’une des plus claires à ce jour en bande
dessinée ! Si Denis Bajram ne peut se départir de cette propension à
tout expliquer, rationaliser et maîtriser, il cherche aussi à conférer à
son univers une densité qui dépasse la simple accumulation
technologique. Il en est ainsi de ces citations pseudo-bibliques qui
introduisent chaque chapitre et dont le rôle va au-delà du décorum,
puisqu’elles confèrent une valeur spirituelle à la civilisation
canaanéenne. Avec UW2, Denis Bajram utilise le concept de voyage dans le
temps et la réalité de la guerre pour disserter de manière détournée
sur la finitude de l’espèce humaine et ses paradoxes. Cette approche
donne alors une réelle épaisseur à son récit. Ceci étant, l’avenir des
descendants de Kalish n’apparaît pas des plus radieux sous le stylet de
la palette graphique du dessinateur bajocasse. Sur ce point, sa maîtrise
de Photoshop trouve ici ses limites et, si la précision comme la
froideur du numérique font écho à la technologie du prochain siècle,
elles ne parviennent cependant pas à rendre - avec toute la justesse
attendue - les émotions qui animent Théa.
Dans
ce huitième volet d’Universal War, l’Humanité se voit enfin confrontée à
la puissance d’ennemis dont elle ne soupçonnait même pas l'existence et
ne peut subsister que dans quelques rares vaisseaux miraculeusement
rescapés. Désormais, la route des étoiles lui est ouverte : l’exode de
l’Homo erro peut commencer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire