mardi 30 septembre 2014

Homo erro...

Universal War Two : 2. La terre promise

© Casterman 2014 - Bajram
Après avoir absorbé le soleil, les mystérieux triangles engloutissent Mars et toutes les colonies humaines. Mais ce qui passait de prime abord pour une arme se révèle plutôt être un vecteur spatio-temporel qui permet à une coalition extraterrestre d’attaquer également Canaan…

Universal War est une œuvre - à ce niveau-là, ce mot prend tout son sens - qui comprendra trois cycles de six albums. Entre UW1, qui décrivait la mise à feu et à sang du système solaire avec pour point d’orgue la destruction de la Terre, et le futur UW3, qui prendra la quatrième dimension comme terrain de jeu, UW2 explore les confins de la galaxie en mettant ce qui reste du genre humain aux prises avec des forces qui le dépassent. 

L’arrivée du Temps du désert avait rassuré sur la capacité de Denis Bajram à poursuivre sa saga intergalactique et sur l’exigence qu’il y mettait (huit mois à raison de quatre-vingt-dix heures par semaine). Après une ouverture pleine de promesses, la suite était attendue. Alors, satellisation ou mise en orbite basse pour ce nouveau cycle ? 

Avec La terre promise, la science-fiction pure et dure reprend ses droits et laisse libre cours à une démiurgie bajramnienne qui s’évertue, avec une facilité déconcertante, à effacer de l’espace toute trace de l’Homo sapiens. Mais au-delà du grand spectacle, ce space opera sait aussi se faire didactique lorsqu’il est question de voyage dans le temps. À ce titre, la démonstration sur la théorie de la cohérence linéaire du continuum espace-temps est l’une des plus claires à ce jour en bande dessinée ! Si Denis Bajram ne peut se départir de cette propension à tout expliquer, rationaliser et maîtriser, il cherche aussi à conférer à son univers une densité qui dépasse la simple accumulation technologique. Il en est ainsi de ces citations pseudo-bibliques qui introduisent chaque chapitre et dont le rôle va au-delà du décorum, puisqu’elles confèrent une valeur spirituelle à la civilisation canaanéenne. Avec UW2, Denis Bajram utilise le concept de voyage dans le temps et la réalité de la guerre pour disserter de manière détournée sur la finitude de l’espèce humaine et ses paradoxes. Cette approche donne alors une réelle épaisseur à son récit. Ceci étant, l’avenir des descendants de Kalish n’apparaît pas des plus radieux sous le stylet de la palette graphique du dessinateur bajocasse. Sur ce point, sa maîtrise de Photoshop trouve ici ses limites et, si la précision comme la froideur du numérique font écho à la technologie du prochain siècle, elles ne parviennent cependant pas à rendre - avec toute la justesse attendue - les émotions qui animent Théa. 

Dans ce huitième volet d’Universal War, l’Humanité se voit enfin confrontée à la puissance d’ennemis dont elle ne soupçonnait même pas l'existence et ne peut subsister que dans quelques rares vaisseaux miraculeusement rescapés. Désormais, la route des étoiles lui est ouverte : l’exode de l’Homo erro peut commencer.

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