© Delcourt 2014 - Sztanke & Chabert |
Chol Il vient de commettre l’irréparable. Ce
faisant, il porte atteinte à la dignité du peuple et jette l’opprobre
sur sa famille comme sur ses descendants. Magnanime, le Parti du Travail
lui permet de racheter sa faute. Chol Il est guide officiel ; il
surveillera des étrangers et leur fera découvrir les délices de la
République Populaire Démocratique de Corée !
Avec cet album, Michaël Sztanke, spécialiste de l’Extrême-Orient,
imagine le quotidien d’un homme ordinaire. S’ensuit une immersion
kafkaïenne où il est question d’aberrations de la Juche qui
affame les campagnes, des dérives d’un régime policier qui espionne tout
un chacun et s’adonne aux transferts arbitraires dans les camps de
travail ou encore de l’émancipation ambigüe de la Corée du Nord
vis-à-vis de sa puissante voisine chinoise.
Documentaire-fiction dessiné, cette chronique des déviances d’une junte
aux allures de secte surprend l’Occidental qui a du mal à comprendre,
non pas la résignation qui semblait une certaine prise de conscience de
la situation, mais la passivité et la docilité de la population face à
un gouvernement liberticide et, surtout, la vénération portée à Kim
Jong-un, démiurge omniscient et omnipotent. Sur un sujet aussi sensible,
Alexis Chabert développe un trait minimaliste allant à l’essentiel,
mais qui, de temps à autre, s’offre des fenêtres de couleurs et quelques
visages d’un réalisme saisissant, placés ça et là pour rappeler la
véracité du propos.
Incursion dans un pays d’une autre époque, La faute, une vie en Corée du Nord
retranscrit sans jugement à l’emporte-pièce la paranoïa qui régit et
codifie l’existence des Nord-Coréens. Un récit hallucinant.
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