lundi 18 juillet 2016

LE PORT DES MARINS PERDUS

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© Glénat 2016 - Radice & Turconi
Sur près de trois-cent-vingt planches, Teresa Radice et Stefano Turconi sillonnent, en ce début du XVIIIe, les océans du globe. De Plymouth au Siam en passant par le cap Horn, sur une mer chargée de fantômes et d’histoires de marins, Abel cherche, comme tous ceux choisis par Vie-Dans-La-Mort, à réaliser un destin dont il ignore tout... 

Choisissant délibérément la mine de plomb et délaissant tout aussi volontairement la mise en couleurs, malgré une couverture riche de belles promesses, Stefano Turconi parvient à porter graphiquement cette histoire vers des sommets. Bien évidemment le parti-pris esthétique manque parfois de contraste, mais la fluidité et la finesse du trait confèrent une expressivité aux personnages qu’il en soit des crayonnés subtilement travaillés des premiers plans ou des esquisses des plans secondaires. Le dessinateur italien est de ceux qui, d’un coup de crayon et quelques hachurés, révèlent l’état d’âme de ses protagonistes ou définissent l’ambiance d’un décor. Dépassant le simple stade du descriptif, le dessin porte l’essence du propos de Teresa Radice. Mêlant de nombreuses références poétiques et littéraires, mais également musicales, la jeune scénariste transalpine donne à son récit une profondeur résolument romanesque et romantique. Roman, bande dessinée, roman dessiné ? La question n’a finalement que de peu de sens tellement l’image et le texte, de cet opéra en quatre actes, se mettent en valeur mutuellement, malgré d’inévitables (et toutes relatives) longueurs. 

Aventure au long cours qui entraîne le lecteur au-delà de la ligne d’horizon tracée par son imagination, Le port des marins perdus est de ces belles et rares histoires, élaborées avec soin et attention, dans lesquelles il est délicieux de se plonger pour en saisir toute la subtilité et l’émouvante beauté.

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