© Glénat 2016 - Radice & Turconi |
Sur près de trois-cent-vingt planches, Teresa Radice et Stefano
Turconi sillonnent, en ce début du XVIIIe, les océans du globe. De
Plymouth au Siam en passant par le cap Horn, sur une mer chargée de
fantômes et d’histoires de marins, Abel cherche, comme tous ceux choisis
par Vie-Dans-La-Mort, à réaliser un destin dont il ignore tout...
Choisissant
délibérément la mine de plomb et délaissant tout aussi volontairement
la mise en couleurs, malgré une couverture riche de belles promesses,
Stefano Turconi parvient à porter graphiquement cette histoire vers des
sommets. Bien évidemment le parti-pris esthétique manque parfois de
contraste, mais la fluidité et la finesse du trait confèrent une
expressivité aux personnages qu’il en soit des crayonnés subtilement
travaillés des premiers plans ou des esquisses des plans secondaires. Le
dessinateur italien est de ceux qui, d’un coup de crayon et quelques
hachurés, révèlent l’état d’âme de ses protagonistes ou définissent
l’ambiance d’un décor. Dépassant le simple stade du descriptif, le
dessin porte l’essence du propos de Teresa Radice. Mêlant de nombreuses
références poétiques et littéraires, mais également musicales, la jeune
scénariste transalpine donne à son récit une profondeur résolument
romanesque et romantique. Roman, bande dessinée, roman dessiné ? La
question n’a finalement que de peu de sens tellement l’image et le
texte, de cet opéra en quatre actes, se mettent en valeur mutuellement,
malgré d’inévitables (et toutes relatives) longueurs.
Aventure
au long cours qui entraîne le lecteur au-delà de la ligne d’horizon
tracée par son imagination, Le port des marins perdus est de ces belles
et rares histoires, élaborées avec soin et attention, dans lesquelles il
est délicieux de se plonger pour en saisir toute la subtilité et
l’émouvante beauté.
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