LE BOURREAU : 1. Justice divine ?
© Delcourt 2016 : Gabella & Carette |
Il est la main de Dieu sur Terre. S’il a décidé qu’il en soit ainsi, son heure sera la dernière pour ses victimes !
Mathieu
Gabella revient avec un récit baigné de fantastique. Cette fois, il est
question d’un bourreau qui cultive sa singularité comme un sacerdoce.
Une
fois refermé l’album, un parallélisme s’impose avec Le Roy des Ribauds
(Akileos), pour la forme, et certains comics pour le fond. Sur la forme,
le Paris de cet exécuteur des basses œuvres semble devoir être, dès
l’introduction, plus qu’un décor. Mais, contrairement à la dernière
production des auteurs de Block 109, la ville redevient rapidement une
simple une toile de fond. Le parallèle s’arrête donc là, sur un constant
frustrant d’inachevé. L’analyse va peut-être un peu plus loin sur le
second point. Le bourreau apparaît comme un super héros, à l’instar de
ceux de DC Comics et consorts. Invincible (ou presque), il possède
toutefois sa faille (qui n’est pas à base de kryptonite) et tient son
identité secrète derrière un costume de circonstance. Plus près de
Batman que de Superman, il partage avec ses homologues américains
l’impérieuse nécessité d’avoir une mission à la hauteur de sa dimension
démiurgique et de combattre un alter-ego maléfique. Toutefois, le
scénariste de La Licorne tient à marquer sa différence ; aussi, fait-il
évoluer ses protagonistes dans un Paris moyenâgeux et non au milieu
d’une mégapole moderne. De plus, en installant l’intrigue, il mûrit
longuement la psychologie tourmentée de son personnage, dépassant ainsi
le manichéisme toujours ambiant d’outre-Atlantique et parachève l’ensemble en le
dotant finalement d’un libre-arbitre.
D’une lecture
pleine de promesses, cet opus introductif appelle cependant une petite
restriction, s’il est utile d’en formuler une. Les dialogues (et surtout
la voix off) sont par trop présents et le parti-pris graphique de
Julien Carette, ne parvient pas, malgré toutes ses qualités, à évacuer
la densité d’un découpage parfois étouffant.
Avec un
scénariste, un dessinateur, une story-boarder (Virginie Augustin), un
spécialiste des décors (Jérôme Benoit), une coordination artistique
(Nautilus Studio), un cover-artist (Jean Bastide) et bien évidement un
coloriste (Jean-Baptiste Hostache), Le Bourreau fait figure de véritable
superproduction. Reste au prochain volet de ce triptyque à justifier
une telle débauche d’efforts…
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