mardi 10 mai 2016

Gabella ! Fais ton oeuvre....

LE BOURREAU : 1. Justice divine ?

© Delcourt 2016 : Gabella & Carette
Il est la main de Dieu sur Terre. S’il a décidé qu’il en soit ainsi, son heure sera la dernière pour ses victimes ! 

Mathieu Gabella revient avec un récit baigné de fantastique. Cette fois, il est question d’un bourreau qui cultive sa singularité comme un sacerdoce. 

Une fois refermé l’album, un parallélisme s’impose avec Le Roy des Ribauds (Akileos), pour la forme, et certains comics pour le fond. Sur la forme, le Paris de cet exécuteur des basses œuvres semble devoir être, dès l’introduction, plus qu’un décor. Mais, contrairement à la dernière production des auteurs de Block 109, la ville redevient rapidement une simple une toile de fond. Le parallèle s’arrête donc là, sur un constant frustrant d’inachevé. L’analyse va peut-être un peu plus loin sur le second point. Le bourreau apparaît comme un super héros, à l’instar de ceux de DC Comics et consorts. Invincible (ou presque), il possède toutefois sa faille (qui n’est pas à base de kryptonite) et tient son identité secrète derrière un costume de circonstance. Plus près de Batman que de Superman, il partage avec ses homologues américains l’impérieuse nécessité d’avoir une mission à la hauteur de sa dimension démiurgique et de combattre un alter-ego maléfique. Toutefois, le scénariste de La Licorne tient à marquer sa différence ; aussi, fait-il évoluer ses protagonistes dans un Paris moyenâgeux et non au milieu d’une mégapole moderne. De plus, en installant l’intrigue, il mûrit longuement la psychologie tourmentée de son personnage, dépassant ainsi le manichéisme toujours ambiant d’outre-Atlantique et parachève l’ensemble en le dotant finalement d’un libre-arbitre. 

D’une lecture pleine de promesses, cet opus introductif appelle cependant une petite restriction, s’il est utile d’en formuler une. Les dialogues (et surtout la voix off) sont par trop présents et le parti-pris graphique de Julien Carette, ne parvient pas, malgré toutes ses qualités, à évacuer la densité d’un découpage parfois étouffant. 

Avec un scénariste, un dessinateur, une story-boarder (Virginie Augustin), un spécialiste des décors (Jérôme Benoit), une coordination artistique (Nautilus Studio), un cover-artist (Jean Bastide) et bien évidement un coloriste (Jean-Baptiste Hostache), Le Bourreau fait figure de véritable superproduction. Reste au prochain volet de ce triptyque à justifier une telle débauche d’efforts…

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