ESMERA
© Glénat 2015 - Zep & Vince |
Comment en 1965, à Gênes, connaître les délices de la chair lorsque
l’on est cloîtrée dans un pensionnat pour jeunes filles et que les anges
veillent sur votre virginité ? Après une expérience qui lui a laissé
comme un goût d’inachevé, c’est dans les bras de sa meilleure amie
qu’Esmera découvre sa différence…
En guise de
préliminaires et bien que Zep en signe le scénario, il convient de
préciser que ce one-shot est à réserver à un public adulte. Ceci dit,
revenons à cet album pour le moins atypique, même si Happy sex laissait
déjà à penser que le père de Titeuf aimait également jouer avec la
maîtresse !
Si après quelques pages, le scénariste suisse
donne l'impression de s’offrir une petite récréation, le dernier strip
de la vingt-quatrième planche remet les pendules à l'heure. Cependant,
essayons d'oublier un bref instant toute sexualisation du propos pour
s’attarder sur ce qui, à bien des égards, s’apparente à un conte, certes
pornographique, mais un conte tout de même. Si la dimension libidinale
de certaines scènes est sans équivoque - comment parler de sexe sans
montrer une fesse (voire un peu plus...) -, ceci est toujours traité
avec ce qu’il faut de décence artistique pour ne pas sombrer dans le
scabreux et avoir son utilité au niveau du récit. Car au-delà du
questionnement d'Esmera sur sa libido et les quiproquos qui en
découlent, elle est aussi (et surtout) le témoin impliqué du changement
des mœurs de ses contemporains. Ainsi, par orgasmes interposés,
permet-elle de mettre en perspective près de cinquante années
d’évolution (ou de régression) sexuelle, et ce en moins de
soixante-seize pages. Éludant subtilement le matérialisme du comment,
Zep essaye de s’attacher au caractère existentiel du particularisme
d’Esmera… sans vraiment y réussir.
Sur cette histoire où
la manière importe autant que le message, Vince réussit le tour de force
de rester dans un réalisme qui n’a rien de vulgaire. La « faute » sans
doute à son style et à une héroïne aux faux airs d’Audrey Hepburn,
autant qu'à une monochromie qui n’est pas sans évoquer de vieux films
italiens.
Ni lesbien, ni gay, ni bi ou trans... Zep vient de (re)inventer un nouveau genre : l’alter(sexuel) !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire