mercredi 16 décembre 2015

Partenaire particulière... (air connu)

ESMERA 
 
© Glénat 2015 - Zep & Vince
Comment en 1965, à Gênes, connaître les délices de la chair lorsque l’on est cloîtrée dans un pensionnat pour jeunes filles et que les anges veillent sur votre virginité ? Après une expérience qui lui a laissé comme un goût d’inachevé, c’est dans les bras de sa meilleure amie qu’Esmera découvre sa différence…

En guise de préliminaires et bien que Zep en signe le scénario, il convient de préciser que ce one-shot est à réserver à un public adulte. Ceci dit, revenons à cet album pour le moins atypique, même si Happy sex laissait déjà à penser que le père de Titeuf aimait également jouer avec la maîtresse ! 

Si après quelques pages, le scénariste suisse donne l'impression de s’offrir une petite récréation, le dernier strip de la vingt-quatrième planche remet les pendules à l'heure. Cependant, essayons d'oublier un bref instant toute sexualisation du propos pour s’attarder sur ce qui, à bien des égards, s’apparente à un conte, certes pornographique, mais un conte tout de même. Si la dimension libidinale de certaines scènes est sans équivoque - comment parler de sexe sans montrer une fesse (voire un peu plus...) -, ceci est toujours traité avec ce qu’il faut de décence artistique pour ne pas sombrer dans le scabreux et avoir son utilité au niveau du récit. Car au-delà du questionnement d'Esmera sur sa libido et les quiproquos qui en découlent, elle est aussi (et surtout) le témoin impliqué du changement des mœurs de ses contemporains. Ainsi, par orgasmes interposés, permet-elle de mettre en perspective près de cinquante années d’évolution (ou de régression) sexuelle, et ce en moins de soixante-seize pages. Éludant subtilement le matérialisme du comment, Zep essaye de s’attacher au caractère existentiel du particularisme d’Esmera… sans vraiment y réussir. 

Sur cette histoire où la manière importe autant que le message, Vince réussit le tour de force de rester dans un réalisme qui n’a rien de vulgaire. La « faute » sans doute à son style et à une héroïne aux faux airs d’Audrey Hepburn, autant qu'à une monochromie qui n’est pas sans évoquer de vieux films italiens. 

Ni lesbien, ni gay, ni bi ou trans... Zep vient de (re)inventer un nouveau genre : l’alter(sexuel) !

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