© Dargaud 2015 - Zidrou & Oriol |
L’histoire en soi est simple. Au soir de sa vie,
un roi se voit proposer par un mage étrange de vaincre sa propre mort.
Homme de bien, il n’hésite pourtant pas à céder aux pires compromissions
pour accéder à un désir d’éternité devenue obsessionnel.
Le choix du conte offre l’avantage d’un récit aux règles élémentaires et
linéaires pour les plus jeunes, comme la possibilité d’un second degré
pour leurs aînés. Or, dans le cas présent, il apparaît rapidement que Les 3 fruits
n’est en rien destiné à quelques bambins en mal de sensations fortes !
S’il est communément admis que ces allégories, en mettant en scène les
méandres de l'inconscient, aident toute progéniture à grandir et
comprendre le sens des choses, il faut reconnaître que le père de
l’élève Ducobu jette la confusion à force de profusion. Avec une
histoire aux nombreuses circonvolutions, il se perd dans une narration
aux figures de style trop récurrentes. Seule la fin semble devoir sauver
cette fable.
L’impression est totalement différente concernant le graphisme d’Oriol.
Tout en ombres et avec une glaçante efficacité, il révèle la part sombre
des hommes et l’horreur, comme l'absurdité, des situations où ils se
fourvoient. Au-delà de la singularité d’un trait, sa mise en couleurs,
d’un aspect très proche du rendu de la peinture, concoure à donner à son
dessin toute sa puissance et une anachronique douceur aux quelques
dames qui tentent d’exister dans cette parabole du mâle.
Valant surtout par son esthétisme, cette nouvelle coopération entre le
scénariste belge et le dessinateur espagnol donne un album insolite et
inclassable qui nécessite plus qu’une simple lecture pour en apprécier
pleinement la beauté comme la teneur.