jeudi 11 décembre 2014

Un mangaka au Louvre

Les gardiens du Louvre

© Futuropolis 2014 - Taniguchi
Pour un étranger esseulé, le palais du Louvre est un lieu où il est aisé de se perdre. C’est aussi un endroit où d'étranges rencontres sont possibles… 

Avec ce nouvel album, Jirô Taniguchi revisite le syndrome de Stendhal. Toutefois, il ne saurait-être question de la Galerie des Offices de Florence, mais bien des collections parisiennes de la rue de Rivoli, et ce n'est pas la Renaissance italienne qui donne ici le vertige, mais quelques-unes des trente-cinq mille œuvres qu'abrite le vaisseau amiral du service des musées de France.

Plutôt qu'une visite, le mangaka propose une déambulation dans les méandres de l'Art. Avec un récit qui, à bien des égards, pourrait être autobiographique, il nous entraîne au-delà des apparences dans une réflexion sur Corot, Van Gogh ou l’évacuation de 1939. Si le procédé est plaisant, le résultat manque de rythme et, paradoxalement, de sens. Structuré en quatre jours de découverte autour d'autant de thèmes, le cheminement de l'auteur est difficile à comprendre. Seule certitude : cette balade à Paris résonne comme une promesse faite à Keiko.

Cette histoire est marquée par une mélancolie propre "aux limbes oniriques de l'imagination" fiévreuse d'un jeune dessinateur, mais Jirô Tanigucchi ne peut se départir d'un certain académisme qu’il parvenait à transcender sur son superbe Venice, édité récemment dans la collection Travel Books. Esthétiquement réussi grâce à une mise en couleurs directe et à quelques assistants méticuleux, Les gardiens du Louvre ne possède cependant pas la beauté habitée de Au fil de l'art de Gradimir Smudja, ou bien encore l'érudition graphique de La vision de Bacchus de Jean Dytar, lauréat de la dernière Tour d'Ivoire 2015. 

Onzième opus de la collaboration entre les éditions Futuropolis et le célèbre musée, ce one-shot offre un agréable moment , mais n’arrive pas à traduire tout l'amour que Jirô Taniguchi semble porter à la peinture du dix-neuvième siècle. Détail qui a sa petite importance, la lecture se fait de droite à gauche comme pour un manga !

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