dimanche 10 août 2014

De Flaubert à Druillet



© Drugstore 2010 - Flaubert & Druillet
Rares sont les albums qui laissent une empreinte capable de traverser les décennies : Salammbô est indubitablement de ceux-ci. Oublié depuis plus de trente dans les méandres de ma mémoire, il est resurgit, un soir de mai 2014, d'une manière des plus fortuites. Druillet venait parler de Délirium dans une grande librairie. La tentation était trop forte de rencontrer celui que je n’avais jamais cherché à croiser.

Que dire, que penser de cette dernière intégrale ? Les mots manquent pour décrire le sentiment qui prédomine en ressortant d’une telle œuvre. Ici, la bande dessinée confine à l’Art, à la folie, à l’Amour… à une certaine forme de démesure et de génie. Richesse des compositions, densité du propos graphique, violence des couleurs, choc du dessin, déstructuration et recomposition dantesque de l’espace et du temps, recours à l’infographie (nous sommes au début des années 80 !). Tout ce qu’il est (in)humainement possible de faire en matière de 9ème Art se trouve condensé en quelques 192 planches. Chacune d’entre elles pourra être regardée, dix fois, cent fois, mille fois, il en resurgira toujours une émotion nouvelle, un détail passé inaperçu jusqu’ici.

Cela a déjà été dit, mais il y a véritablement du Jérôme Bosch chez ce diable d’homme qui cultive ici mysticisme et révolte. Cette trilogie s’apprécie donc dans et pour l’outrance démiurgique de cette histoire d’amour parue en 1862 et magnifiée dans un futur infernal par un auteur tourmenté, pour ne pas dire torturé…

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