© Rue de Sèvres 2014 - Sorel |
En cette belle journée de mai, la Seine coule, nonchalante, dans la
douceur du jour. Au gré des boucles, le défilé des bateaux qui tracent
leur route vers Paris ou le grand large est un spectacle des plus
divertissants. Pourtant, les événements qui se succéderont au cours des
semaines suivantes dans ce paisible coin de campagne normande
entraîneront un homme vers la folie.
Après Les Derniers jours de
Stefan Zweig, Guillaume Sorel s’attache ici à l’adaptation d’un texte
de Guy de Maupassant : Le Horla. S’il en garde la chronologie et
l’essence, l’album apporte certaines différences notables comme
l’introduction de félins qui font écho aux interrogations du narrateur,
ou encore l’impasse sur l’issue finale que ce dernier se réserve. Mais
ceci est de peu d’importance et introduit quelques variations qui font
la spécificité de ce one-shot.
La nouvelle emblématique de
Maupassant était une réflexion sur l’irrationnel à une époque où le
positivisme et la technologie étaient en passe de triompher de tous les
obscurantismes. Aujourd’hui, la force du récit est passablement émoussée
et les affres que connait son héros – qui n’est pas s’en évoquer les
turpitudes de la déraison qui assaillirent le romancier lui-même, dans
ses dernières années – n’angoissent guère et prêteraient même à faire
sourire les hagiographes de Carrie. Cependant, et bien qu'empreintes
d’un classicisme qui butine du côté des Impressionnistes en général et
de Toulouse-Lautrec en particulier, les planches délicates et lumineuses
de Guillaume Sorel - comme son adaptation des dialogues -
retranscrivent superbement les tourments causés par cette présence
fantomatique... sans toutefois atteindre l’intensité dramatique de
l’œuvre originelle.
Les inconditionnels de l’auteur
cherbourgeois trouveront là une nouvelle raison de l’apprécier ; ceux
qui le découvrent goûteront avec délice son trait et sa maîtrise des
couleurs. Tous (re)revisiteront - par phylactères interposés - l’un des
précurseurs de la littérature fantastique.
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