Anges et faucons
© Dupuis 2019 : Leloup |
La nostalgie ne serait-elle pas une forme de masochisme ? La sortie du
vingt-neuvième volet des aventures de l’égérie du Soleil levant apporte
son lot de réponses.
Il y a deux manières de disserter sur cet album, si
ceci a un sens !
La première consiste à regretter les années passées et
à se justifier en arguant que les physionomies de tous les personnages,
à commencer par le rôle-titre, sont les victimes d’une approximation
qui tranche singulièrement avec la précision apportée à dessiner les
décors, le Tsar ou une locomotive à vapeur ! La main se fait-elle plus
hésitante lorsqu’il s’agit de l’expressivité d’un visage ? Il est vrai
que la rectitude de l'empennage d’un Handley Page 42 peut se traiter à
la règle ! S’il s’agit d’aborder brièvement le contenu, Yoko a toujours
été une jeune fille bien sous tous rapports, mais avec le temps la vertu
devient naïveté. Ses premiers lecteurs ont vieilli, le monde a évolué,
toutefois la demoiselle demeure figée dans un univers où les méchants ne
le sont pas vraiment et où tout finit bien. Roger Leloup s’en est
expliqué, mais empêche ainsi toute réelle évolution psychologique de son
personnage qui, peu à peu, s’efface au profit de nouveaux protagonistes
bien moins charismatiques.
Cela étant, la seconde façon de considérer
les choses consiste à se réjouir car, imprimé à 100.000 exemplaires,
l'album est actuellement en tête des ventes, preuve par l’exemple que la
divine Nippone suscite encore les passions, récompensant ainsi un
auteur qui a beaucoup compté pour nombre de lecteurs de 7 à 77 ans et
plus. Au passage, il convient de saluer la longévité de Roger Leloup et
son souci à faire plaisir à son lectorat en continuant de lui offrir de
gentilles histoires. L’intention est louable, cependant le résultat ne
possède plus le charme d’antan…
Anges et faucons est l’occasion de
revoir Yoko Tsuno, jeune femme de papier qui, depuis longtemps, n’est
plus la même, mais peine à devenir une autre !
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