mardi 5 novembre 2019

DRACULA

© Glénat 2019 : Bess
Dracula est né de l’imagination de Bram Stoker… en 1897. Depuis, le cinéma s’est largement emparé de la singularité d’un personnage qui cristallise les peurs ancestrales lovées dans l’inconscient collectif. Dès lors, pourquoi s’atteler à une adaptation dessinée alors que tant ont été filmées, écrites ou illustrées ? Certainement, le plaisir de transcrire la complexité d’une créature aussi fantasmagorique que charismatique, d’un mythe à la fois monstre sanguinaire et victime expiatoire.

L’ancien compagnon de route de Jodorowsky n’est pas un néophyte en matière puisqu’il s’est fait les dents sur le sujet avec sa trilogie du Vampire de Bénarès. Mais des Carpates encore moyenâgeux à une Angleterre toute victorienne, l’ambition est ici différente. Alliant puissance des encrages et précision dans les envolées gothiques, comme la souplesse et la douceur dans les transports romantiques, la main de celui qui en un temps se définissait comme un mercenaire du 9e art maîtrise parfaitement sa technique et les différents registres émotionnels. Tour à tour dense ou texturé, mais toujours noir, telle la nuit et l’âme damnée qui la hante, le graphisme de Georges Bess se joue, en d’esthétiques constructions, des pleins et des vides pour distiller angoisse et peur. La beauté du trait est ici un piège, car elle fait oublier la noirceur des desseins de cette émanation du Mal en transcendant le rapport à la mort, au sexe, à l’amour qui lie, sur un mode subliminal, le bourreau à ses victimes.

Éternelle source de fascination, Dracula séduit et l’album de Georges Bess, sur une variation de l’œuvre originelle, en perpétue superbement le maléfique magnétisme. 

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