© Glénat 2019 : Bess |
Dracula est né de l’imagination de Bram Stoker… en 1897. Depuis, le
cinéma s’est largement emparé de la singularité d’un personnage qui
cristallise les peurs ancestrales lovées dans l’inconscient collectif.
Dès lors, pourquoi s’atteler à une adaptation dessinée alors que tant
ont été filmées, écrites ou illustrées ? Certainement, le plaisir de
transcrire la complexité d’une créature aussi fantasmagorique que
charismatique, d’un mythe à la fois monstre sanguinaire et victime
expiatoire.
L’ancien compagnon de route de Jodorowsky n’est pas un néophyte en
matière puisqu’il s’est fait les dents sur le sujet avec sa trilogie du Vampire de Bénarès.
Mais des Carpates encore moyenâgeux à une Angleterre toute victorienne,
l’ambition est ici différente. Alliant puissance des encrages et
précision dans les envolées gothiques, comme la souplesse et la douceur
dans les transports romantiques, la main de celui qui en un temps se
définissait comme un mercenaire du 9e art maîtrise parfaitement sa
technique et les différents registres émotionnels. Tour à tour dense ou
texturé, mais toujours noir, telle la nuit et l’âme damnée qui la hante,
le graphisme de Georges Bess se joue, en d’esthétiques constructions,
des pleins et des vides pour distiller angoisse et peur. La beauté du
trait est ici un piège, car elle fait oublier la noirceur des desseins
de cette émanation du Mal en transcendant le rapport à la mort, au sexe,
à l’amour qui lie, sur un mode subliminal, le bourreau à ses victimes.
Éternelle source de fascination, Dracula séduit et l’album de Georges
Bess, sur une variation de l’œuvre originelle, en perpétue superbement
le maléfique magnétisme.
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