La Fille du géant du gel
© Glénat 2018 - Recht |
Sur les eaux gelées d’un lac du Nord, les hommes s’affrontent encore et
encore. Toutefois, aujourd’hui, un battement lancinant étouffe le
tumulte des combattants qui entre-tuent…
Fluide sur les courbes d’une
déesse impudique, puissant dans les combats sanguinaires, superbe sur
les paysages enneigés, le trait de Robin Recht impose sa marque.
Violent, oppressant, épique, grandiose, les adjectifs manquent pour
qualifier cet album. Mais au-delà de l’esthétique, dans l’immersion
graphique que constitue cette lecture naît une forme d’exaltation. La
Fille du géant du gel exhale l’enivrant parfum du désir, répand les
relents des cadavres des vaincus, enivre de l’air pur et glacé des cimes
de l’Odroerir ou sature les sens des effluves de sueur et de sang
mêlés. Rares sont les albums qui procurent une telle sensation de
mouvement, une telle fluidité dans leur narration ! Cependant, à bien y
regarder, le pitch est des plus ténus : sur fond de cosmogonie nordique,
un mercenaire sans état d’âme succombe aux charmes d'Atali, sorcière
espiègle et flamboyante et défie les dieux pour jouir pleinement du
repos dû aux guerriers. Du classique, mais pas du convenu, puisqu’avec
cette variation de la Belle et de la Bête, Robin Recht projette son
récit dans les ténèbres d’où surgit Ymir et pour la gloire duquel les
Vanirs ou les Aesirs maculent la blancheur hivernale.
Avec La Fille du géant du gel, Conan le Cimmérien entre dans la légende du Nordheim et un peu plus dans celle du 9e Art.
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