Six mois plus tard
© Cambourakis 2019 - Zerocalcare |
En parlant de soi, il advient que l’on puisse parler des autres et
réciproquement ! Et à ce jeu là, Zerocalcare excelle.
Connu comme le
loup blanc en Italie, Michele Rech peine à acquérir la même notoriété de
ce côté-ci des Alpes et ce malgré les efforts louables des éditions
Cambourakis. Avec Six mois plus tard suite d’Au-delà des décombres, il
continue de porter un regard acide et affectueux sur le spleen d’une
génération qui se voit contrainte d’oublier ses rêves. Avec ce récit
biographique, fictionnel et légèrement psychédélique, il se raconte à la
première personne en mélangeant les métaphores animalières,
l’autodérision et une empathie vis-à-vis de sa bande de la Rebibbia. À
travers cet exercice aux airs de thérapie expiatoire, l'auteur de Kobane
Calling dépeint les difficultés existentielles autant que matérielles
d’une jeunesse désabusée qui, de galères en faux plans, peine à trouver
sa place dans une Péninsule qui se berce de ses désillusions. Si la
peinture bavarde de ce petit microcosme hétéroclite est sans réelle
concession, elle demeure cependant teintée d’un humour propre aux
comédies italiennes, qui aide à faire passer l’amertume du quotidien et à
distiller aux passages (et sans état d’âme) quelques vérités contre
lesquelles il est difficile de lutter.
Dans un style qu’il cultive
depuis La prophétie du tatou, Zerocalacre se moque de lui et des siens
avec suffisamment d’ironie pour croire en des lendemains moins pires à
défaut d’être meilleurs.
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