18. Mythes
© Delcourt 2018 - Corbeyran & Guérineau |
Les Stryges se sont tus et l’unique rescapé de l’holocauste
planétaire murmure à l’oreille d’une Humanité moribonde les premières
notes de sa résurrection…
Ainsi Mythes clôt une série créée en 1997 et
portée depuis par les mélopées d’Éric Corbeyran et les glyphes de
Richard Guérineau. Qu’ils en soient remerciés !
La légende veut que le
pitch fondateur de cette épopée éditoriale leur fût inspiré par un
certain Peter McKenzie – à moins que ce ne soit par quelques stryges
parisiennes ? - lors d’une déambulation nocturne. Quoi qu’il en soit, la
fin du précédant millénaire était une époque euphorique, et il fallait
l’être pour s’imaginer pouvoir réaliser une saga en trois cycles de six
albums chacun avec une idée qui tenait en une ligne : tapies dans
l’ombre, des créatures venues de la nuit des temps imposent leur volonté
aux Hommes. L’affaire fut cependant conclue avec les éditions Delcourt
et les années suivantes firent fleurir quatre spin-off, capitalisant
ainsi sur la cosmogonie des stryges et rentabilisant par la même un
investissement pour le moins risqué au départ.
Ces considérations
mercantiles passées, qu’en est-il - succinctement - de l’œuvre elle-même
et de ce qu’elle laissera à la postérité ?
Si le travail de Richard
Guérineau était à résumer brièvement, il faudrait d’abord évoquer
l’approche très cinématographique de son dessin et le recours aux plans
serrés comme aux mouvements de « caméra » tournant autour de ces
personnages et amplifiant ainsi la cinématique de chaque planche. Autre
point notable, la transformation du trait au fil des saisons qui en a
certainement déstabilisé plus d’un. La comparaison entre Ombres et
Mythes met en évidence un changement pour le moins radical, mais logique
sur la durée et surtout en adéquation avec les évolutions voulues par
Éric Corbeyran au cours des trois « saisons ». Progressivement, la série
est passée d’une variation à la X Files au road-movie psychotique,
laissant probablement sur le bord de la route nombre d’afficionados de
la première heure. Toutefois, même si le dix-huitième album peut sembler
être là pour faire le nombre, il convient de reconnaître une constance
de la ligne narrative sur le long terme qui malgré quelques égarements
sanglants sur le dernier tiers reste globalement de bonne facture et la
marque du talent.
Au gré des albums, Le chant des Stryges a plu ou déçu,
mais demeure emblématique d’une manière révolue de concevoir une série
BD. Désormais, l’avenir des Stryges s’inscrit dans la poussière de nos
bibliothèques. Qu’ils y reposent en paix !
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