© Casterman 2015 - Díaz Canalès & Pellejero |
Attendu ou craint, Corto Maltese est de retour. Le temps de se faire
à l’idée que le marin puisse trouver d’autres pères adoptifs, et de
régler de petits sujets de pure intendance entre ayants droits et
éditeurs, il lui aura fallu vingt-trois ans pour revenir de Mü.
La
mode est aux reprises. En pareil cas, la question est toujours la
même : mieux ou moins bien ? Au-delà du fait que cette interrogation
n’a qu’un intérêt relatif, il est impossible d’y répondre objectivement
puisque l’impartialité ne peut être de mise en pareille occasion.
Toutefois, vouloir parler de Sous le soleil de minuit sans faire
référence à l’œuvre du maitre de Malamocco est illusoire, même s’il
convient de savoir couper le cordon et de regarder devant soi plutôt que
derrière.
Au risque d’entendre hurler les puristes, ce
nouveau chapitre de la vie de Corto est plutôt une réussite. En premier
lieu, il faut reconnaître que Ruben Pellejero sait s’inscrire dans la
continuité, mais en apportant sa propre perception à l’univers
graphique du natif de La Valette. À l’évidence, le dessinateur Catalan a
parfaitement intégré les codes visuels du petit monde de Pratt et a des
idées bien précises sur la manière dont il entend les restituer, et
c’est tout à son honneur. La chose est moins évidente pour Juan Díaz
Canalès qui bien que respectant lui aussi les canons originels, n’arrive
pas (encore) à lui insuffler une magie identique. Les bases sont là,
les quatre strips dans toute leur l’horizontalité, le mélange de réalité
et fiction…, mais, le récit s’avère trop dense, sans réel fil rouge si
ce n’est que de conduire son héros de San Francisco à Dawson. In fine,
il manque cet art de l’éclipse, du non-dit, qui donnait tout son sens
et sa valeur aux récits de Pratt. Car l’erreur scénaristique de cet
album, si cela en est une, est d’avoir oublié que pour Corto Maltese la
quête importe plus que l’aventure !
Pour ceux qui ne
connaissent rien des pérégrinations de l’illustre Maltais, il ne pouvait
être meilleure introduction. Reste à espérer qu’ils suivent ensuite les
routes menant vers Samarkand, Stonehenge, Shanghai ou Venise…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire