lundi 5 octobre 2015

Corto : Le retour

Corto Maltese : 13. sous le soleil de minuit
 
© Casterman 2015 - Díaz Canalès & Pellejero
Attendu ou craint, Corto Maltese est de retour. Le temps de se faire à l’idée que le marin puisse trouver d’autres pères adoptifs, et de régler de petits sujets de pure intendance entre ayants droits et éditeurs, il lui aura fallu vingt-trois ans pour revenir de Mü. 

La mode est aux reprises. En pareil cas, la question est toujours la même : mieux ou moins bien ? Au-delà du fait que cette interrogation n’a qu’un intérêt relatif, il est impossible d’y répondre objectivement puisque l’impartialité ne peut être de mise en pareille occasion. Toutefois, vouloir parler de Sous le soleil de minuit sans faire référence à l’œuvre du maitre de Malamocco est illusoire, même s’il convient de savoir couper le cordon et de regarder devant soi plutôt que derrière. 

Au risque d’entendre hurler les puristes, ce nouveau chapitre de la vie de Corto est plutôt une réussite. En premier lieu, il faut reconnaître que Ruben Pellejero sait s’inscrire dans la continuité, mais en apportant sa propre perception à l’univers graphique du natif de La Valette. À l’évidence, le dessinateur Catalan a parfaitement intégré les codes visuels du petit monde de Pratt et a des idées bien précises sur la manière dont il entend les restituer, et c’est tout à son honneur. La chose est moins évidente pour Juan Díaz Canalès qui bien que respectant lui aussi les canons originels, n’arrive pas (encore) à lui insuffler une magie identique. Les bases sont là, les quatre strips dans toute leur l’horizontalité, le mélange de réalité et fiction…, mais, le récit s’avère trop dense, sans réel fil rouge si ce n’est que de conduire son héros de San Francisco à Dawson. In fine, il manque cet art de l’éclipse, du non-dit, qui donnait tout son sens et sa valeur aux récits de Pratt. Car l’erreur scénaristique de cet album, si cela en est une, est d’avoir oublié que pour Corto Maltese la quête importe plus que l’aventure ! 

Pour ceux qui ne connaissent rien des pérégrinations de l’illustre Maltais, il ne pouvait être meilleure introduction. Reste à espérer qu’ils suivent ensuite les routes menant vers Samarkand, Stonehenge, Shanghai ou Venise…

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