jeudi 8 janvier 2015

Juve va bien !

Fantomas : 3. À tombeau ouvert
 
© Dargaud 2015 - Bocquet & Rocheleau
La République est à genoux, tout l’or de la Banque de France ayant été dérobé par Fantômas. Seul l'inspecteur Juve serait à même de contrecarrer ses sinistres desseins…

Reprenant la tradition des romans feuilletons d’antan et s’inspirant librement de l’œuvre créée par Marcel Allain et Pierre Souvestre, Olivier Bocquet et Julie Rocheleau ressuscitent Fantômas. Exit Jean Marais dans la parodie d’André Hunebelle, et place à un personnage qui, à bien des égards, fait figure de précurseur au pandémonium des vilains du neuvième Art.

Alors que dans nombre d’histoires, la vertu triomphe du vice, il en est qui, cultivant le paradoxe, mettent à mal la morale. La Colère de Fantômas est de ceux-ci ! Mais là où certains auraient donné dans la surenchère et le morbide, tout est fait ici pour conférer à ce déchaînement de haine une dimension qui dépasse la gratuité du geste d’un malade. La violence dont il est question est celle d’une vengeance froidement calculée qui, telle une arme, utilise la peur. L’homme aux cent visages n’éprouve aucun remord à tuer ou torturer, ni de joie d’ailleurs ! Il n’est que l’exécuteur insensible et déterminé d’une vendetta dont peu connaissent l’origine, mais qui fait de lui l’ennemi public numéro Un.

Sorti d’un long repos, ce héros vieux de cent ans est remis au goût du jour mais n'en perd pas pour autant son authenticité. Olivier Bocquet entraîne ainsi ses lecteurs dans une folle course-poursuite où les instants de repos sont rares, et l’imprévu à chaque coin de case. Pour maintenir ce rythme haletant et ces ambiances oppressantes, il peut compter sur le talent de Julie Rocheleau. Ceux qui auront lu Les Bois de Justice comme Tout l'or de Paris retrouveront ici le brio de la jeune montréalaise et l’importance de son jeu des couleurs. Sur ses crayonnés et ses encrages, elle amorce sa colorisation aux crayons ou à l’aquarelle et achève l’ensemble sous Photoshop. La couleur devient dès lors un élément de narration à part entière. De sa palette chromatique dominent les déclinaisons de vert ou d’orange, mais surtout le noir. Renforçant la dramaturgie du moment, il entoure les planches où "le génie du crime" apparaît, il s’incruste dans ses phylactères pour en relever la noirceur du propos et drape ce héros maudit dans une ombre gage de son anonymat.

À tombeau ouvert conclut diaboliquement autant que superbement ce premier cycle et donne envie d'en découvrir un peu plus sur l'issue finale de ce nouveau combat du Mal et du Bien...

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