Marina : 1. Les enfants du Doge
© Dargaud 2013 - Drousie & Matteo |
La République a ses raisons que le cœur ignore ! Telle semble être la maxime d’Andrea Dandolo, premier édile de la Sérénissime en cette année 1342. En effet, pourquoi tant de hâte et d’acharnement à vouloir la perte de son enfant, Marina ? Cette question pourrait trouver réponse sept cents ans plus tard, alors que l’épave de la Pantegana (le rat en vénitien) est exhumée de son cimetière de vase.
Depuis quelques années, avec des titres comme Les Folies Bergère, L’élève Ducobu, Le client, Schumi, La peau de l'ours, Maître Corbaque ou Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre qui lui reprisait ses chaussettes ?…, Benoit Drousie fait preuve d’un talent pour le moins éclectique. Une telle réussite dans des registres aussi variés a de quoi susciter des interrogations et n’y aurait-il pas un domaine où le scénariste belge puisse s’illustrer avec moins de brio ? A priori, la fresque historique en est exclue, car une fois encore – dusse sa modestie en souffrir – Zidrou frappe fort et juste.
Prenant pour pitch l’obsession d’un historien pour la fille maudite d’un doge du XIVe, le récit passe d’une rive à l’autre de l’Adriatique aussi aisément qu’il navigue à travers les siècles. Les enfants du Doge est une histoire noire comme les âmes, dure tel le Moyen Âge, mêlant sans ménagement les fioritures des processions de Saint-Marc à la misère de Doulopolis ou aux scabreuses circonvolutions des guerres vénéto-ottomanes. Campant fermement la psychologie de ses personnages grâce à des dialogues taillés au cordeau, l’exilé madrilène installe son récit dans la densité et l’intensité. Toutefois, rendons justice à Alemanno Matteo - compagnon de longue date depuis Mèche Rebelle et proTECTO - sans qui cette épopée maritime ne serait pas ce qu’elle est. Par un trait réaliste et dépouillé, mais surtout grâce à sa mise en couleur, l’album prend une indéniable dimension picturale en totale osmose avec les tonalités du scénario.
En ce début septembre, Marina fait une apparition remarquée dans le flot des parutions de cette rentrée… Uno molto bello fumetto !
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