mercredi 7 août 2013

Western spaghetti....


Chaman

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© Mosquito 2013 - Serpieri
Les Éditions Mosquito font (re)découvrir - avec bonheur - les classiques de la bande dessinée transalpine. Après Ogoniok de Sergio Toppi et Mermoz d’Attilio Michelluzzi, voici venu le (re)tour de Paolo Eleuteri Serpieri. Pour les amateurs de dessins réalistes, le plaisir est total d’autant plus que les albums de l’éditeur de la banlieue grenobloise sont d’une manufacture impeccable au regard de leur prix. 

Vision quelque peu idyllique et manichéenne de la conquête de l’Ouest, Chaman remet les Amérindiens au centre de cette tragédie et offre au lecteur une autre version des guerres indiennes. Compilation de quatre nouvelles scénarisées principalement par Raffaele Ambrosio et publiées en Italie entre 1978 et 1983, cette réédition permet d’apprécier la trajectoire graphique du maître romain qui trouvera son aboutissement dans Morbus Gravis, série au demeurant fortement décriée, mais à l’esthétisme indéniable. S’appuyant sur une technicité peu commune - il fut professeur à l’Institut des Arts de Rome -, Serpieri s'affranchit progressivement des encrages et d’une mise en page par trop classique pour redéfinir la structure de ses compositions. Ainsi, dans L’homme médecine, le trait ne vient que souligner les formes et la densité du hachuré donne tout son relief et son volume à un dessin libéré des cases et axé sur l’expressivité et le mouvement. 

Dans un registre qui oscille souvent entre le fantastique et l’érotisme, la péninsule italienne semble être l’une des terres de prédilection de l’(hyper)réalisme avec des artistes comme Giovanna Casotto, Riccardo Federici ou Adriano De Vincentiis. Cette réédition de Chaman montre que cette génération perpétue l’héritage pictural d’un auteur trop longtemps assimilé aux frasques érotico-futuristes d’une égérie dont la sensualité exacerbée en fît fantasmer plus d’un, bien que beaucoup s’en défendent aujourd’hui.

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