© Casterman 2019 - Dureuil |
Est-ce l’approche de l’hiver qui fait que les grandes étendues froides
et blanches ont le vent en poupe ? Après La marche de Régis Penet en
août, voici que Casterman s’enfonce à son tour dans la froidure de la
Sainte Russie avec La fin du monde en trinquant et Dans les forêts de
Sibérie.
Inspiré de la retraite de Sylvain Tesson sur les berges du lac
Baïkal en 2010, ce roman graphique décline, après un reportage et un
film, l’échappée sibérienne de l’écrivain voyageur.
Pour qui ne goûte
pas au plaisir des voyages immobiles ou qui est réfractaire aux crises
érémitiques, cet album n’est pas forcément un ouvrage des plus
conseillés. D’aucuns voudront considérer la démarche de l'aventurier
comme une volonté de revenir à l’essentiel, d’introspecter sa force
intérieure, de redécouvrir la maîtrise du temps et de l’espace… au fil
des secondes qui s’écoulent, seul, ou des pas qu’il faut faire, par
-30°C, pour ne plus l’être. En cela, ils seront probablement en phase
avec la finalité première de cette retraite sciemment préparée.
Quoiqu’il en soit, la dimension humaine comme la grandeur des paysages
peinent à transparaître à travers un récit qui égrène six mois
d’isolement réglés avec la régularité d’un métronome. Les planches de
Virgile Dureuil défilent comme les jours, mais si la neige, les
promenades, les corvées de bois ou d’eau, la vodka ou quelques rares
visites suffisent peut-être à remplir l’espace vacant de la page
blanche, ils n’arrivent cependant pas à lui conférer une véritable
dimension existentielle.
Une fois lu, Dans les forêts de Sibérie tient
plus du carnet de voyage que du périple initiatique, effleurant
seulement l’essentiel… mais après tout l’essentiel n’est-il pas de ne
penser à rien si ce n’est de s’abriter de la morsure du froid et de
profiter de la chaleur de la vodka ?
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