© Dargaud 2017 - Zidrou & Homs |
Londres, de nos jours : une mine anti-personnel explose dans le jardin d’un fabricant d’armes.
Londres,
exposition universelle de 1851 : Jennifer Winterfield rencontre
Kitamakura. A priori, aucun dénominateur commun entre ces deux
événements ; pourtant, il existe bel et bien et tient en trois lettres :
SHI !
S’adonnant sans retenue à l’éclectisme des genres,
Zidrou se lance, avec la complicité de Homs, dans la fiction d’aventure
et, n’en déplaise à ses détracteurs, c’est encore un succès !
Préférant
le crédible au véridique, le scénariste belge entraîne cette fois le
lecteur dans l’Angleterre victorienne. À une époque où les femmes se
voient réduites à jouer les utilités, Au commencement était la colère
fait de leur vengeance le fil rouge des quatre albums de ce cycle
initial. Dans ce premier volume, en jouant sur les contrastes, Zidrou
met - psychologiquement et contextuellement - ses personnages en place.
Un Royaume-Uni corseté dans une pudicité de façade, une gent féminine
qui l’est tout autant au propre comme au figuré, des gentlemen tout
aussi pervers que machiavéliques, l’injustice élevée au rang de vertu
cardinale… le portrait qui est fait de la société anglaise n’est pas à
son honneur et seules Jennifer Winterfield et son amie japonaise
amènent, pour l’instant, une touche de fraîcheur et de spontanéité à ce
lugubre tableau. Pour ce qui relève du domaine graphique, Homs s’exprime
pleinement, comme si les lieux ou les protagonistes avaient été créés
uniquement pour qu’il puisse les dessiner. Son trait relate à merveille
la psyché des individus - même les plus extrêmes - et dépeint un Londres
tel que chacun se plait à l’imaginer.
Avec ses ambiances
travaillées, sa couleur juste, un rythme et une intensité savamment
pensés au travers d’une mise en page et un scénario des plus structurés,
Au commencement était la colère se révèle, au fil des planches, comme
une indubitable réussite.
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