Pornhollywood : Tome 1 - Engrenages
© Glénat 2016 - Simsolo & /Hé |
À Hollywood, les arrière-cours des Majors ne sont pas forcément des
plus reluisantes et les étoiles de la cité des Anges cachent toujours
une part d’ombre que certains sont prompts à exploiter.
Avec
Pornhollywood, Noël Simsolo initie le lecteur au Los Angeles des années
trente, celui de la naissance du cinéma parlant, celui qui peine à
sortir de la crise qui vient d’ébranler le pays. Malgré le Hays Office
qui codifie le contenu des films afin qu’aucun ne puisse abaisser les
principes moraux de ses spectateurs ou susciter la sympathie du public
pour le crime, le méfait, le mal ou le péché…, la rigueur économique
oblige les studios cinématographiques à miser sur le sexe (Baby face –
1933) et les films de gangsters (Scarface – 1932) pour renflouer leurs
caisses. Nécessité fait loi et il faut bien faire vivre tout le petit
monde qui gravite autour des comètes d’un jour. Sortant de la
prohibition, la Mafia cherche aussi un second souffle et le miroir aux
alouettes hollywoodien est un business juteux pour qui connaît l’usage
de l’intimidation et de la compromission. Loin des stars comme Marlène
Dietrich ou Clark Gables, et à travers le destin de Jim Jewsky -
réalisateur prometteur réduit à tourner des films pornographiques pour
un parrain local - Noël Simsolo propose une autre vision du rêve
hollywoodien, allant en cela beaucoup plus loin que n’a pu le faire
Jérôme Félix dans Une vie à écrire . Entre un homme de main psychotique,
un flic véreux, un caïd mégalomane, une héritière nymphomane et un
cinéaste désabusé, sans parler d’une kyrielle de seconds rôles, Noël
Simsolo dresse un portrait sans concession ni fausse pudeur des mœurs de
la Côte Ouest de l’Entre-deux-guerres tout en amorçant une réflexion
sur la fin du Muet et l’ambiguïté des relations qu’entretenaient
l’industrie cinématographique et la pègre.
Sur un
registre aussi sombre, Dominique Hé déploie une ligne claire qui colle à
l’époque, mais qui pâtit d’une mise en couleurs sans relief ni nuance ;
et malgré ses efforts, il ne parvient pas à faire oublier la surenchère
dans le scabreux et le violent d'un récit qui tarde à annoncer la
direction à prendre. Reste à savoir ce qu’il en sera lors du clap de fin
prévu pour mars 2016 !
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