mardi 19 janvier 2016

Les dessous d'Hollywood

Pornhollywood : Tome 1 - Engrenages
 
© Glénat 2016 - Simsolo & /Hé
À Hollywood, les arrière-cours des Majors ne sont pas forcément des plus reluisantes et les étoiles de la cité des Anges cachent toujours une part d’ombre que certains sont prompts à exploiter. 

Avec Pornhollywood, Noël Simsolo initie le lecteur au Los Angeles des années trente, celui de la naissance du cinéma parlant, celui qui peine à sortir de la crise qui vient d’ébranler le pays. Malgré le Hays Office qui codifie le contenu des films afin qu’aucun ne puisse abaisser les principes moraux de ses spectateurs ou susciter la sympathie du public pour le crime, le méfait, le mal ou le péché…, la rigueur économique oblige les studios cinématographiques à miser sur le sexe (Baby face – 1933) et les films de gangsters (Scarface – 1932) pour renflouer leurs caisses. Nécessité fait loi et il faut bien faire vivre tout le petit monde qui gravite autour des comètes d’un jour. Sortant de la prohibition, la Mafia cherche aussi un second souffle et le miroir aux alouettes hollywoodien est un business juteux pour qui connaît l’usage de l’intimidation et de la compromission. Loin des stars comme Marlène Dietrich ou Clark Gables, et à travers le destin de Jim Jewsky - réalisateur prometteur réduit à tourner des films pornographiques pour un parrain local - Noël Simsolo propose une autre vision du rêve hollywoodien, allant en cela beaucoup plus loin que n’a pu le faire Jérôme Félix dans Une vie à écrire . Entre un homme de main psychotique, un flic véreux, un caïd mégalomane, une héritière nymphomane et un cinéaste désabusé, sans parler d’une kyrielle de seconds rôles, Noël Simsolo dresse un portrait sans concession ni fausse pudeur des mœurs de la Côte Ouest de l’Entre-deux-guerres tout en amorçant une réflexion sur la fin du Muet et l’ambiguïté des relations qu’entretenaient l’industrie cinématographique et la pègre. 

Sur un registre aussi sombre, Dominique Hé déploie une ligne claire qui colle à l’époque, mais qui pâtit d’une mise en couleurs sans relief ni nuance ; et malgré ses efforts, il ne parvient pas à faire oublier la surenchère dans le scabreux et le violent d'un récit qui tarde à annoncer la direction à prendre. Reste à savoir ce qu’il en sera lors du clap de fin prévu pour mars 2016 !

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