La plage, un fauteuil en terrasse, une bouteille de blanc du pays et
beaucoup d’albums en retard. Les devoirs de vacances… c’est sacré !
Le Dieu vagabond
Eustis
est satyre banni du pays des Dieux pour avoir osé importuner une
protégée d’Artémis… Depuis il erre en quête de rédemption. Un univers
graphique haut en couleurs où les références aux illustres ainés sont
légions - Van Gogh, Winsor McCay, Klint, Hokusai… pour n’en citer que
quatre ; une histoire à l’absurdité onirique qui permet d’aborder, au
travers du prisme mythologique, des thématiques des plus contemporaines…
Voici résumée en quelques mots l’œuvre inclassable de Fabrizio Dori, un
conte qui emmène le lecteur dans une réalité où les parallèles avec la
nôtre sont trop nombreux pour être fortuits.
À découvrir et à apprécier.
L’âge d’or
Un
graphisme somptueux travaillé telles les enluminures, une recherche
dans le choix des couleurs qui ne doit rien au hasard, un récit digne
des plus belles chansons de gestes… le dernier album de Cyril Pedrosa et
Roxanne Moreil, est un petit bijou.
Que dire de plus ? Rien !
L’âge d’or
est une immersion dans les contes d’antan mais avec une touche de
modernité qui en fait tout le charme et l’à propos.
La seule question
qui vaille désormais est : à quand la suite ?
Orwell
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© Dargaud 2019 : Christin & Verdier |
Journaliste,
écrivain, homme de conviction, Éric Arthur Blair, alias Georges Orwell
ne se résume pas uniquement à 1984. Issu de la bonne bourgeoisie
anglaise, il n’hésita pas, pour écrire ses articles, à s’immerger dans
les bas-fonds de Londres ou de Paris et d’aller combattre sur le front
de Catalogne. Homme de gauche mais qui s’avait se montrer acerbe et
critique envers toute les formes d’oppression qu’elles soient coloniale
ou soviétique, il livre avec sa dernière œuvre une vision prémonitoire
qui aujourd’hui fait toujours référence.
Pierre Christin écrit ici une
angiographie qui tente quelque part de mettre Orwell entre Malraux et
Hemingway en oubliant les côtés sombres d’un homme qui, à n’en pas
douter, en avait.
Sur une telle partition, Sébastien Verdier pose un
dessin en noir et blanc au réalisme historique, simplement rehaussé de
quelques incrustations en couleurs et d’interventions de guest
stars.
Orwell, prouve que – sur certaines histoires - la BD et la
littérature se complètent …. l’une pouvant donner envie de lire l’autre !
Sur nos ruines
Dernier
volet du quatrième diptyque d’Airborne 44 avec un Philippe Jarbinet au
sommet de son art.
Ce huitième album revient sur l’un des derniers
épisodes de la seconde Guerre mondiale, celui qui vit américains et
soviétiques se livrer à une course sans merci aux savants nazis. Ainsi,
il apparait que l’honneur n’est pas forcément une valeur cardinale en
cas de guerre et que la vie des uns ne vaut pas forcément – aux yeux des
états-majors – la vie des autres.
Un dessin réaliste jusqu’au dernier
bouton de vareuse et un récit qui rappelle que la conquête spatiale doit
certainement un peu à ceux qui sont morts dans les chaines de montage de Mittelwerk.
Rencontres obliques
4
planches, 16 cases, pour une histoire courte.
25 histoires pour un
album sombre autant qu’inquiétant.
Des abimes de l’inconscient aux
profondeurs des nuits de cauchemar, ces saynètes effrayantes par la
sobriété de leur mise en scène ou la profondeur hypnotique de leur noir
& blanc se nopurrissent avec une délectation morbide de nos angoisses
intimes.
À lire la lumière allumée et surtout pas avant de se coucher.
Le Sang des cerises - Livre 1 - Rue de l'Abreuvoir
De
la vieille Europe aux terres africaines en passant par les bayous
américains, en près de 40 ans François Bourgeon aura fait rêver et
voyager près de deux générations de lecteurs. Voici Zabo à Paris à
l’enterrement de Jules Vallès. La commune n’est plus, mais elle hante
encore le cœur de ceux qui en furent.
Lire Les passagers du vent vaut
bien des cours d’histoire et Rue de l’abreuvoir n’échappe pas à la
règle. Les dialogues en breton et argot originaux, un Paname d’époque…
cet album est une plongée dans l’urbanité parisienne et dans un
Montmartre d’une autre époque où la violence et la misère avaient valeur
de loi.
Toutefois à trop vouloir entremêler - dans une authenticité
difficilement appréciable pour les néophytes - la petite histoire des
gens de la butte avec la Grande, celle des débuts sanglants de la IIIe
République, constitue un écueil, tout comme ces physionomies qui, au fil
des ans, connaissent une lente évolution vers plus de figuration.
Cependant, il faut bien reconnaître que la magie opère toujours et que
cette série est indéniablement l’une des références hexagonale en la
matière et ce n’est que pure justice.
Hugo Pratt, un gentilhomme de fortune 2. Venise
Cette
biographie d’Hugo Pratt est à l’image des aventures de Corto entre
plausible et rêverie.
Dans une ambiance qui rappelle les aventures de
l’illustre marin et un Venise qui tient les rôles titres, Paolo Cossi
retrace la jeunesse insouciante et dilettante de l’auteur italien et la
met indiciblement en parallèle de la vie de son allégorique héro.
Respectant l’esprit du maestro, Paolo Cossi réalise un album qui ravira
les amateurs de l’emblématique marin et de Venise.
Renato Jones #2
La
croisade de Renato Jones touche à sa fin dans une démesure qui vire,
comme le concède son créateur, à la caricature… car la réalité semble
dépasser cette pure fiction, du moins de l’autre côté de l’Atlantique.
Critique au vitriol du capitalisme américain dopée aux psychotropes et
stéroïdes divers, Freelance, est une débauche d’effets visuels et de
considérations sur l’état de dépravation du monde. Cela part un peu dans
tous les sens, n’est pas forcément des plus lisible… voire
compréhensible, mais cette œuvre militante possède un coté prémonitoire
dans sa surenchère qui ferait frémir.