© Delcourt 2020 : Andreae |
Axelle est tombée de scooter et,
comble de malchance, son artiste de sœur se sent obligée de lui servir
de nounou. Pleine de bon sentiment et un brin déconnectée des réalités,
Clara va découvrir les joies de la colocation avec une cadette en
rupture de ban…
Nouvelle venue dans le monde de la bande dessinée, mais
pas étrangère au milieu, Lucrèce Andreae possède un curriculum vitae des
plus flatteurs où les écoles de renom se mêlent aux prix prestigieux.
Mais est-ce suffisant pour réussir un premier album ?
Au travers des
trajectoires entrecroisées d’une fratrie, Flipette et Vénère s’attache
aux questions comme aux choix d’une génération qui se cherche ! Même si
Clara navigue dans le compromis tandis qu'Axelle ne jure que par
l'action, les deux jeunes femmes - chacune à leur manière - tâtonnent,
se rassurent dans leurs certitudes en occultant leurs doutes et se
construisent - via la photographie ou l’engagement social - une
légitimité à exister. Leur rencontre va les amener à s’interroger sur ce
qu’elles sont... l’une pour l’autre ou pour ceux qui les entourent, et
ainsi, à se bâtir un avenir à leur mesure.
À l’évidence, Lucrèce
Andreae, maîtrise son dessin comme son scénario, et son trait aux aplats
colorés est d’une sobriété pleine de sincérité. D’apparence fragile, il
cerne cependant avec force et simplicité ses personnages grâce à une
palette d’expressions parfaitement rendues. Ainsi, les trois cent
quarante planches de ce roman graphique s’écoulent sans à-coups grâce,
notamment, à un découpage et une mise en page qui s’essayent à de
nombreuses variations, ne laissant de la sorte aucune place à la
monotonie.
Sans propos grandiloquents ou poncifs intellectualisés,
Lucrèce Andreae fait sienne la quête de sens des millennials. La
première belle surprise de l’année qui, il est vrai, ne fait que
commencer !