lundi 24 juillet 2017

BIANCA (red 2017)

© Delcourt 2016 - Crepax
Après Anita en juin 2016, les éditions Delcourt enrichissent leur collection Erotix de la réédition (partielle) de Bianca

Bianca est une jeune femme qui laisse libre cours à son imagination et cède – inconsciemment ou non - aux fantasmes de son créateur. Parues à l’aube des années 70 et largement influencées par le vent printanier de liberté qui souffla à pareille époque, les aventures de cette égérie aux courbes altières pourraient aujourd’hui susciter interrogations, voire incompréhension. En effet, que reste-t-il de ces noirs et blancs aux relents de soufre, de ces dessins finement ciselés où plaisir et souffrance s’entrelacent dans une libidinale complexité ? La pudibonderie ambiante pourrait-elle avoir raison d’œuvres qui exaltent les vertus de la perversion. Car sachons-le, Guido Crepax ne cache rien, mais – heureusement - ne montre pas tout. Ses planches chargées d’une overdose de sexualité sadomasochiste gardent toujours leur part de mystère. Qui mène la danse ? Les dominants ou la dominée ? L’esclave de ses névroses n’est-elle pas, en fait, la maîtresse d’un bal des sens ou chaque page la transporte de désirs en plaisirs ? Sophistiqué jusque dans ses références littéraires, Bianca fait preuve d’un graphisme d’une rare élégance lorsqu’il est question de formes callipyges, mais sait aussi faire ressortir la psychologie des faire-valoir qui l’accompagnent. Riche à la limite de la profusion tout en restant dans l’épure, le trait de l’auteur milanais demeure une référence qui transcende les genres, les styles et qui sait les époques. 

Que ce soit au travers des rêveries érotiques de ses propres héroïnes ou de celles des autres, Guido Crepax nous a transmis une certaine vision de l’esthétique féminine et des délices de la transgression… À chacun d’apprécier l’apparente anarchie de cette intégrale et de savoir bien différencier le rêve de la réalité.

LES SOEURS FOX

1 : Esprits, êtes-vous là ?
 
© Bamboo Édition 2017 - Charlot & Charlet
Des craquements dans une vieille maison en bois quoi de plus banal ? Mais lorsque ces derniers prennent des allures de conversation, les choses apparaissent sous un jour nouveau...
 
En ce soir de mars 1848 dans les environs de New York, Maggie et Kate Fox en s’adressant à Monsieur « pieds fourchus » ne savent pas encore qu’elles viennent de donner naissance au spiritisme. Celui-ci deviendra rapidement un véritable phénomène de société ; à tel point que Victor Hugo s’adonnait, dit-on, à cet exercice avec un au-delà qui s’exprimait à lui en vers.
 
Reprenant la genèse des manifestations spirites, Philippe Charlot reste historiquement fidèle au déroulement des événements, sans véritablement explorer la psyché des divers protagonistes et quand il le fait, ce n’est qu’au travers d’un sentiment de culpabilité infantile qui demeure dans le registre de l’affabilité convenue et ne développe nullement le jeu de perversités et de vanités plus adultes. 
 
Graphiquement, Grégory Charlet donne à cet album une candeur à l’unisson du propos de son scénariste. Ses encrages, la délicieuse expressivité et le teint de porcelaine de ses personnages féminins, détonnent avec un récit qui fait pourtant resurgir les morts au milieu des vivants. Parallèlement, les plus observateurs regretteront certainement l’absence de décors de nombreuses cases en demi-plan alors que d’autres font l’objet d’un travail soigné. 
 
Esprits, êtes-vous là ? pourrait susciter plus d’intérêt une fois refermé. Pour l’instant, nul ne sait vraiment le parti pris, sauf s’il est fait exception de quelques éléments disséminés déci-delà au fil des planches et qui devraient - espérons-le - prendre sens dans le second volet du diptyque.

LA TRISTESSE DE L'ELEPHANT

© Les Enfants Rouges 2016 - Antona & Jacqmin
Elle est douce, rieuse et gracile et sa famille est celle du cirque. Il est lourd, emprunté et orphelin. Toutefois, les hasards de la vie les uniront … mais durant un temps seulement.

Clara et Louis sont différents, mais ils s’aiment tout simplement. Simplicité ! S’il fallait résumer en un mot cette histoire, c’est celui-ci qu’il conviendrait de retenir. En soixante-douze planches Nicolas Antonin retrace la vie de ses deux héros, de leur première rencontre à leur retrouvaille finale. Judicieusement équilibrés dans leurs ellipses, d’une naïveté touchante même dans leurs instants les plus dramatiques, les destins entremêlés de Clara et Louis permettent à Nina Jacqmin de livrer une partition tout au crayon nimbée d’une belle mélancolie. Si les rires de Clara éclairent les premières pages, il n’en sera pas de même par la suite. Mais là où certains seraient tombés dans le dramatique larmoyant, Nicolas Antona opte pour un registre plus intime et personnel à l’image de Louis qui pense que le bonheur qu’il a eu était déjà de trop !

Maintes fois récompensé, La tristesse de l’éléphant est un album attentionné qui sait prendre soin de ses personnages et offrir à ses lecteurs un scénario et un dessin tout en retenue et en délicatesse.

LE RAPPORT DE BRODECK

1/2 : L'autre


© Dargaud 2015 -  Larcenet
Au retour des camps, Brodeck pensait pouvoir oublier l’incurie de la guerre. Mais la nature de l’Homme est telle que, même dans ce coin perdu au milieu de nul part, l’obscurantisme, la suspicion et la bêtise font leur œuvre.

Ayant une vision plutôt récréative de la bande dessinée, Manuel Larcenet est de ces (rares) auteurs que j’avais jusqu’à présent évité. Mais les années comme les lectures aidant, il était temps de s’attaquer à l’un des « poids-lourds » du 9e art hexagonal.

Graphiquement, ce diptyque est une claque. Passant - sans transition - d’un naturalisme ultraréaliste à un surréalisme métaphorique, l’auteur de Blast gère son noir et blanc avec une évidence déconcertante. Maître dans la transcription des états d’âmes, surtout les plus noires, certains passages sont de véritables démonstrations à l’image de ce huis-clos avec le curé du village dont la pertinence graphique et la justesse psychologique laissent pantois. Manuel Larcenet possède (du moins sur ce récit) un indéniable don pour faire ressortir la vilenie de ses personnages… Oppressant et poignant par la densité de son dessin et la précision d’un trait sans concession, « Le rapport de Brodeck » s’avère être bien plus qu’un simple album de bande-dessinée.

Dans ce pays de neige où le noir donne son relief aux objets et sa matérialité à la nature humaine, les innocents font de parfaits coupables.

samedi 22 juillet 2017

LES OMBRES DE LA SIERRA MADRE

1. La Niña Bronca

© Sandawe 2017 - Nihoul & Brecht
Si Moroni Fenn est revenu du front, l’enfer de la forêt d’Argonnes a fait de lui une épave qui noie ses cauchemars dans l’alcool. En guise de rédemption, le grand conseil des sages de l’église des Saints des derniers jours l’envoie au Mexique pour protéger les colonies Mormons qui s’y sont implantées. Mais voilà, la Sierra Madre n’a rien d’un camp de vacances et la rumeur voudrait même que des Apaches y vivent encore !

Western atypique, Les ombres de la Sierra Madre plante son décor au Sud du Rio Grande en 1920 à une époque où le colt 45 semi-automatique a supplanté depuis longtemps son vénérable ancêtre de 1873. Cependant, tous les ingrédients sont là : il y a de la poussière, des chevaux, quelques salauds, un héros avec ses démons, une héroïne belle et fière, un vieux fou que personne n’écoute et une petite indienne abandonnée. À propos d’Indiens, il y en a bien, et il ne s’agit pas du dernier des Mohicans cher à Daniel Day-Lewis, mais de la fine fleur des Chiricahuas. Au fil des pages, La Nina Bronca remonte en quelque sorte le temps en passant de la boue des tranchées de 14-18 aux paysages arides du Chihuahua dignes de la ruée vers l'Ouest ! 

Ce premier volet est l’occasion pour Philippe Nihoul de partager sa passion pour les Broncos. À cet effet, l’abondant cahier spécial permet d’appréhender le contexte historique dont s’inspire ce récit et de mieux connaître le crépuscule de ces guerriers impitoyables qui résistèrent tant et bien avant de céder. Aux pinceaux, Daniel Brecht décline une partition graphique semi-réaliste qui toutefois manque encore un peu de souplesse et de fluidité dans ses encrages pour mettre pleinement en valeur les personnages comme les lieux. 

S’il reste classique dans son déroulement Les ombres de la Sierra Madre est une autre manière d’aborder les grands espaces désertiques hantés par les derniers compagnons de Geronimo.

LES AILES DU SINGES


© Paquet 2017 - Willem
Mourir sous les feux des sunlights, quelle belle fin pour une starlette ? Quoi que Clara Palmer aurait certainement préféré poursuivre sa jeune carrière. Mais au fait, accident ou meurtre ? Et si meurtre il y a, quel en est le mobile ? C’est la question qu’Harry, flanqué de Betty (à moins que ce ne soit l’inverse !) vont tenter d’élucider dans une Amérique qui doute et un tout-Hollywood qui fait son cinéma.

Suite des aventures de Harry Faulkner, ancien de l’escadrille Lafayette qui tente tant bien que mal de s’envoyer en l’air malgré la paranoïa d’un milliardaire décidé à ruiner sa vie et d’une petite amie très… terre-à-terre. Exit donc la côte Est et bienvenue en Californie, nouvel Eldorado pour tous ceux qui se rêvent en technicolor.

Avec Hollywoodland, Étienne Willem joue à nouveau les auteurs complets avec une réussite certaine qui ne semble rien devoir au hasard ou alors de manière totalement fortuite !Côté script, il faut retenir que cette fiction zoomorphe puise dans l’actualité de l’époque pour établir sa trame de fond. La crise de 29 n’en finit de faire de nouvelles victimes, un vent de fronde souffle sur un Sud en mal de revanche et Roosevelt n’a pas encore lancé son New Deal… De là à imaginer un complot d’Etat, il n’y a qu’un pas qu’un scénariste se doit de franchir. La chose étant faite, il faut lui donner de la consistance et quoi de plus facile que de prendre le terrain de jeu de Cecil B. DeMille comme décor ? Graphiquement, le résultat est d’une belle densité. Utilisant toute la palette de l’anthropomorphisme pour traduire les travers d’une humanité qui n'arrive pas à se départir de sa part d’animalité, Étienne Willem s’en donne à cœur joie et manie tous les codes graphiques à sa disposition avec une facilité et une aisance déconcertantes. Tout à son aise dans les scènes d’actions, maniant l’ironie, l’humour et le comique de situation aussi bien que la perspective ou le découpage, le dessinateur belge livre un album qui – dans son registre – est un petit bijou. Seul bémol, une police parfois envahissante qui rend parfois les planches verbeuses, mais c’est juste pour trouver quelque chose à redire !

Reste à souhaiter que - tout en se renouvelant – Les ailes du Singe poursuive son envol et puisse réaliser encore quelques beaux loopings dans les cieux du 9ème art.

LA MALEDICTION DE GUSTAVE BABEL

© Delcourt 2017 - Gess
Longtemps il a ignoré qui il était vraiment. Tueur patenté de la Pieuvre qui profite de sa maitrise universelle des langues pour l’envoyer aux quatre coins du Monde, Gustave Babel n’a de liens avec son passé qu’au travers des cauchemars qui le hantent, de sa passion pour Baudelaire et l’affection qu’il porte à Filoche. 

Sur un script, a priori des plus classiques, Gess a su construire une histoire atypique où les turpides des faubourgs s’oublient dans les vapeurs d’absinthe et les vers. Il est ici question d’un homme qui - avant de passer de vie à trépas - se remémore sa vie d’exécuteur des basses œuvres et sa quête contre l’amnésie qui, longtemps, a jeté un voile opaque sur ses années de jeunesse. Jusque là rien de terriblement transcendant penserez-vous, mais transposer dans un Paris qui passe d’un siècle à l’autre et, en rôle-titre, un personnage en osmose avec Les fleurs du Mal, l’ensemble prend une dimension tout autre. Ajoutez à cela un graphisme qui se mérite, mais qui finalement apparait d’une fluidité et d’une profondeur rares et vous avez entre les mains un « indispensable » pour lesquels Delcourt a réalisé une édition de très belle qualité. 

Œuvre singulière autant qu’attachante mélangeant réalisme et surréalisme avec à propos, La malédiction de Gustave Babel est de ces albums qu’il faut avoir dans sa bibliothèque… après l’avoir lu, comme de bien entendu !

MARSHAL BASS

Black & white
 
© Delcourt 2017 - Macan & Kordey
Que le Colonel Terrence B. Helena vérifie mon identité passe encore, on n’est jamais trop prudent. Mais que pendant ce temps-là, j’attende son retour sous un soleil de plomb, ligoté sur un cheval qui se dérobe sous moi avec une corde au cou qui se fait insistante, il y a de meilleures manières d’apprécier un coucher de soleil…

Poisseux, sale, immoral et cynique "Black & white" raconte mon histoire grâce au duo qui présidait déjà à la destinée de "Nous les morts" et qui revient ici avec un western loin des clichés hollywoodiens. L’homme est un coyote pour l’homme dans les plaines d'Arizona et la loi du plus fort est toujours la meilleure, croyez-moi sur parole. Bienvenue à vous dans ces contrées où tous mes rêves me sont permis du moment que je suis du bon côté du colt !

Assumant ses références tout en sachant s’en démarquer, cet album ne fait pas dans la dentelle ni dans le cérébral, même si la psychologie des divers protagonistes est parfaitement ciselée, à commencer par la mienne. Un découpage au cordeau, des plans millimétrés, des ellipses parfaitement maîtrisées, une dynamique dans la narration qui ne laisse aucun instant de répit : tout est mis en œuvre afin de propulser le lecteur dans cette poursuite où la sueur et la boue sont mon lot quotidien. Pour rendre compte des personnalités rencontrées sous mon étoile de Marshal adjoint, le dessin d’Igor Kordey fait merveille. Pesant telle la chaleur qui me fait préférer un peu d’eau à du whisky, épais à l’image de la peur qui m'assaille, puissant comme la violence qui s'abat sur Dardanelle, le trait du dessinateur de "L’histoire secrète" se fond littéralement dans le récit de Darko Macan.

Mon nom est Bass, River Bass et je suis plutôt du genre taciturne et d’indéfinissable, plus vraiment « black » et certainement pas « white ». Je suis un idéaliste pragmatique qui essaye simplement de faire bouillir la marmite de sa petite famille. Que mes aventures durent encore quelques tomes pour ramasser suffisamment de billets afin me retirer en douceur et d’en savoir un peu plus sur la capacité de mes auteurs à renouveler un tant soit peu un genre qui tente de renaître de ses cendres.

L'ADOPTION


La garúa

© Bamboo Édition 2017 - Zidrou & Monin
Le Pérou, ce n’est pas que le Machu Picchu… enfin, tout dépend de ce que vous êtes venu y faire ! 

Avec Qinaya Zidrou avait opté pour un cliffhanger qui - à défaut de clôturer définitivement sa petite histoire - laissait sur une interrogation et donc une suite…

Benoit Drousie cultive le contre-pied. Jamais vraiment là où d’aucuns l’attendent, il s’évertue à faire découvrir d’autres sentiers que ceux de la facilité et du convenu. Déplaçant le point de vue, offrant de nouveaux horizons, il donne à considérer une autre manière de voir les choses. Avec l’aide graphique d’Arno Monin, il choisit ici le registre du suggestif. Ainsi, dans La garúa la filiation se projette sur celui qui « est » et non plus sur celle qui « aurait pu être ». « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras » dit le proverbe et le géniteur épistolaire de L’élève Ducobu se penche sur le sujet avec des réponses à son image.

Difficile sur un tel scénario d’être en osmose, c’est pourtant ce qu’Arno Monin démontre. Juste dans l’expressivité, centré davantage sur les personnages que sur les lieux qui ne sont que des prétextes, il illustre le cheminement intérieur de Gabriel van Oosterbeeck avec tact et sincérité et sait le mettre en perspective d'autres destins plus tragiques. Alors bien évidemment, quelques esprits chagrin trouveront à ergoter au sujet d'une histoire qui s’attache à des considérations d’ordre existentiel avec une toute relative légèreté et une manière qui peut dérouter. Cependant, il faut savoir reconnaître que lorsque la chose est bien faite, il n’y a rien à y redire, sinon à se prendre la tête pour pas grand-chose !

ORNITHOMANIACS

© Casterman 2017 - Schmitt
Niniche est un drôle d’oiseau ou un ange, c’est selon. En fait, Niniche est une jeune fille qui a deux petites ailes dans le dos… ce qui est mieux qu’un poil dans la main, bien que plus encombrant !

Conte à la croisée du gothic burlesque à la Tim Burton et du romantisme ubuesque de Lewis Caroll, Ornithomaniacs est la friandise graphique de ce premier semestre. Délaissant la couleur directe pour le Noir & Blanc, Daria Schmitt s’adonne, sujet oblige, aux joies de la plume et aux contrastes aux  traits. Métaphorique à souhait, cet album dont les planches rappellent les grandes illustrations du début du XXe, s’inscrit pourtant bien dans le siècle présent. Explorateur, château-cage, oiseau mythique et faire-valoir qui l’est tout autant constituent ainsi le nouvel univers de l’auteur d’Aqua Alta qui s’est investi dans l’art aviaire durant près de trois ans à raison d’une planche par semaine. Au final le résultat est là et les références souvent citées tels Rackham, Sir John Tenniel, Doré ou Schuiten ne renieraient en rien la qualité et l’ampleur du travail réalisé. Reste un scénario qui déroutera par sa fantaisie et son surréalisme, mais qui sait lui aussi exploiter ses sources qu’elles soient mythologiques, biologiques ou… cinématographiques. 

Ornithomaniacs est de ces albums pour lesquels il faut disposer d’un minimum de temps pour en achever la lecture puis, pour y revenir, afin d’apprécier la précision des traits, la méticulosité des compositions et la patience qui furent nécessaires à sa réalisation.

DIEU N'AIME PAS PAPA

© Delcourt 2016-  Mourier & Moog
Lui [Le fils] : Pourquoi Dieu n’aime pas Papa, alors qu’il est censé aimer la terre entière ?
Elle [La mère] : La terre peut-être, mais avec Papa… c’est différent ! 

Camille Moog et Davy Mourier réussissent ici un joli petit album, tout en simplicité sur un sujet qui ne l’est pas. 

Entre une maman dévote qui trouve dans la religion un moyen d’oublier une trahison amoureuse, un père longtemps absent et un Tao qui n’a rien contre Dieu mais qui lui préfère son papa, les deux jeunes auteurs naviguent dans les états d’âmes de leurs personnages avec douceur et bienveillance. Dieu n’aime pas Papa est une histoire aussi banale que singulière et le fait de l’aborder sous deux registres graphiques lui donne plus de profondeur et permet de regarder les adultes que nous sommes avec les yeux des gosses que nous fûment.

Les enfants doivent-ils être les otages des errances sentimentales de leurs parents ? À l’évidence non, mais la part des choses est parfois difficile à faire…

SHANGRI-LA

© Ankama 2016 - Bablet
En des temps éloignés, une poignée d’humains et d’animoïdes vit cloitrée dans une station orbitale. Au milieu de cette colonie stellaire où le consumérisme est la finalité de toute existence, quelques scientifiques se prenant pour Dieu créent, à partir de la poussière d’étoiles, l’homo stellaris qui devra peupler Titan…

Résumer en quatre lignes Shangri-La de Mathieu Babet est une gageure tellement ce one-shot - de plus de deux cents planches - est riche de références et d’allusions. Projetant dans un futur très lointain, une humanité qui n’apprend rien de ses erreurs, l’auteur d’Adrastée s’attaque à l’intolérance, la capacité de résilience ou de résistance, la real-politik, la dictature de la consommation à outrance et les velléités démiurges de certaines élites dominantes, le tout sur fond de space-opera. Un vrai catalogue des dérives sociologiques d’une société hyper-technologique œuvrant en huis-clos.

Malgré certains partis pris, Shangri-La est vraisemblablement l’un des albums de science-fiction les plus aboutis de ces dernières années.

dimanche 9 juillet 2017

YES, LET'S GO !


Les Courants d’Amboise, Avoine Zone Groove, American Tours festival, Terres du son, sans oublier Aucard de Tours… la prude Touraine serait-telle devenue une terre d'élection pour les décibels et les solos éthérés ?

Quoi qu’il en soit personne de se plaindra d’une programmation éclectique qui s’adapte à tous les goûts et qui permet - au plus grand nombre - de bien commencer les vacances. 

Il reste seulement à regretter cette accumulation sur début juillet où Yzeures’N’Rock, les 4 et 5 août prochains, fait figure d’oasis dans un désert estival !